A. GUERLOT-KOUROUKLIS

26 octobre 2012. 16h48. « Voici donc mes rĂ©ponses, que je n’espĂšre pas trop fleuves. J’ai essayĂ© d’ĂȘtre concise autant que faire se peut. J’espĂšre que cela te plaira autant que cela m’a plut d’y rĂ©pondre. » me dit avec les doigts Alice Guerlot-Kourouklis, dite ALGK. Oui, classique : l’artiste a acceptĂ© de rĂ©pondre Ă  mes questions Ă  propos de 334 distance, son premier album de multi-instrumentiste totalement libre de dĂ©voiler son univers « entre pop-song fĂ©ministe, Ă©lectro minimale et musique de film imaginaire ». Ce qui l’est moins c’est qu’Ă  son Ă©coute (mais est-ce seulement l’Ă©coute, n’est-ce pas aussi, dĂ©jĂ , l’humain, le parcours, le feeling dĂ©gagĂ© devant la brumeuse singularitĂ© de tout ça ?) j’ai voulu poser des questions. Quelqu’un au bout du feel. Avec qui croiser le faire. Et ça ne m’arrive plus que trĂšs rarement qu’un disque qui sorte me donne envie de faire ça : l’ « inter vieweur ».

J’ai fait une exception et j’ai bien fait : trouvant que mes questions Ă©taient un « rĂ©gal » (du « travail » mais « passionnant »), elle me l’a rendu au centuple. Oui, son interview est fleuve et elle m’a emmenĂ©. C’est le genre de rencontre qui me conforte dans ma prise de distance avec l’idĂ©e de critique et de journaliste. Dans cette fantĂŽmisation, mon tamis s’affine et m’ouvre aux cas de force majeur. « ALGK, elle a tout d’une grande (inconnue). C’est typiquement le genre de projets « Parlhot ». Je dois lui cĂ©der (de) la place comme si elle faisait partie de mon tableau de chasse. Si je ne le fais pas, d’ailleurs, qui le fera ? » Oui, Alice est de ces invisibles qui vous donnent l’impression, une fois qu’on les rejoint, que se forme une communautĂ© de cƓur et d’esprit. Un truc qui vous dĂ©passe. PrĂ©cieux ça. D’ailleurs, moi-mĂȘme, le « pop writer », que ferais-je, que serais-je sans ces alter hĂ©ros ?

« quelle image genrée de moi cette photo véhicule ? »

 

Bonjour Alice. 334 distance, le premier album que tu sors sous ton nom, en tant qu’artiste solo compte 18 titres. Vient-il de loin ? RĂ©sume-t-il une longue pĂ©riode ?
Oui en quelque sorte. Certains morceaux ont plusieurs annĂ©es, d’autres sont plus rĂ©cents. La vĂ©ritĂ© est sans doute que j’ai eu beaucoup de mal (et peut-ĂȘtre d’une maniĂšre quasi pathologique) Ă  dĂ©cider qu’il Ă©tait terminĂ©. Ainsi cet album a eu plusieurs versions (avec d’autres morceaux), plusieurs moutures (avec un autre ordre) avant d’ĂȘtre ce qu’il est aujourd’hui. C’est le genre de difficultĂ©s que l’on encontre lorsque l’on compose seule.

Comment as-tu assembler tout ça ? As-tu repris des bandes-son publiées ailleurs ?
Non, je n’ai pas repris des travaux publiĂ©s ailleurs. Le caractĂšre hĂ©tĂ©roclite et variĂ© des morceaux de cet album s’explique plus par le fait que je n’ai pas de ligne directrice dans mon travail, ni en terme de genre musical, ni en terme d’instrument privilĂ©giĂ©, et que je marche par association d’idĂ©es musicales, que je fais trĂšs attention aux erreurs, soit de notes lorsque la main glisse sur un clavier, soit de manipulations informatiques, une boucle mal calĂ©e qui ouvre soudainement un champ inaperçu auparavant. Un jour j’achĂšte une guitare Ă©lectrique et s’en suit tout un tas de morceau avec cette guitare, que par ailleurs je ne maĂźtrise absolument pas, une autre fois, c’est la dĂ©couverte d’un logiciel qui va m’occuper pendant des jours entiers. Ça s’est passĂ© comme ça avec la caisse claire, les pĂ©dales d’effet, la clarinette etc., toutes ces choses que j’utilise sans savoir en jouer. Par ailleurs, je me suis en effet posĂ© la question de la cohĂ©rence de cet « assemblage », et si cela n’allait pas nuire au projet, qui par ailleurs n’est peut-ĂȘtre pas Ă©vident Ă  classer. Je me suis dit qu’il fallait que je fasse attention Ă  cet Ă©cueil pour mon prochain album sur lequel je travaille actuellement, et en mĂȘme temps je crois que c’est plus fort que moi.

Pourquoi avoir sorti ce disque sous ton nom, qui est Ă  rallonge ?
Ah la la, oui c’est une vraie question. J’y tenais, peut-ĂȘtre parce que je ne voulais pas spĂ©cialement sĂ©parer mes activitĂ©s avec une autre identitĂ©, un autre nom, mais je n’avais pas imaginĂ© Ă  quel point cela pouvait me rendre les choses compliquĂ©es. Je me suis fait la remarque l’autre jour que peu de gens qui chantent en anglais, ou font de la pop ou de l’electro le font sous leur vrai nom, mĂȘme quand il est sexy comme Richard D. James, c’est souvent l’apanage de la chanson française. C’est vrai s’appeler The Kihfs on the Splashing Jerk ou Josh and the PyrĂ©nĂ©es Squizz serait peut-ĂȘtre plus vendeur, mais je n’ai pas trouvĂ©. Il y a quelque chose qui n’est pas moi dans tout ça.  Il y a un mois Yves Blanc (qui en premier lieu m’a dit qu’il fallait que je change de nom) et qui anime l’Ă©mission La PlanĂšte Bleue sur la RTS suisse dans laquelle un morceau de l’album a Ă©tĂ© diffusĂ©, a Ă©corchĂ© mon nom Ă  l’antenne, je me suis dit : ça commence bien !

Et pourquoi ce titre, 334 Distance ?
L’histoire est la suivante : il y a quelques annĂ©es je suis allĂ©e voir l’opĂ©ra vidĂ©o de Steve Reich et de Beryl Korot intitulĂ© The Cave, qui est encore Ă  ce jour l’Ɠuvre la plus incroyable et la plus sidĂ©rante que j’ai vue. Je suis sortie euphorique de ce spectacle. En voyant mon ticket de vestiaire avec le numĂ©ro 333, je me suis dit que c’Ă©tait encore plus incroyable ce chiffre rĂ©pĂ©tĂ© avec cette musique rĂ©pĂ©titive, et j’ai aussitĂŽt dĂ©cidĂ© que ce serait le titre de mon premier album, aussi pour l’Ă©nergie que cette Ɠuvre m’a donnĂ©e. AprĂšs avoir reçu, sur Myspace Ă  l’Ă©poque, des messages Ă©nigmatiques ou carrĂ©ment angoissants sur la signification du titre de mon album en rapport avec le chiffre du diable, ce Ă  quoi je n’avais pas pensĂ©, j’ai ajoutĂ© un 1 et j’ai pris de la distance…

Vis-tu de ta musique ou as-tu envie, comme moi, qui suis d’ailleurs passĂ© Ă  l’acte, de prendre ta retraite anticipĂ©e et de garder la musique en pure passion ?
Oui, je vis de la musique, avec mon activitĂ© de rĂ©alisatrice sonore, j’en vis mĂȘme plutĂŽt bien. Mais j’ai dĂ©jĂ  songĂ© Ă  m’installer Ă  la campagne ou, il n’y a pas longtemps, Ă  Bruxelles, pour vivre dans un grand espace oĂč je pourrais savourer une forme de retraite… et lire toute la journĂ©e.

Pourquoi as-tu finalement refusĂ© l’option « partir Ă  la campagne » ? Tu prĂ©fĂšres « partir en campagne » pour ta musique ?
Oui, c’est vrai, je suis plutĂŽt « partie en campagne » pour ma musique mais pour une durĂ©e dĂ©terminĂ©e, aprĂšs je passe Ă  autre chose. Pour le reste, je fais partie des gens qui se demandent sans cesse si l’herbe n’est pas quand mĂȘme plus verte ailleurs (titre de mon album prĂ©fĂ©rĂ© de Barbara Morgenstern d’ailleurs).

Tu habites Ă  Paris. Depuis longtemps ? Pour le boulot ?
J’habite Paris depuis mes 6 ans, donc bien avant que les questions professionnelles ne se posent Ă  moi !

Ta musique est assez ambiante, paysagiste. N’est-ce pas parfois dur de trouver l’inspiration Ă  Paris ?
Ce n’est pas tant le lieu que le temps qui est ma prĂ©occupation principale. Avoir prĂ©cisĂ©ment suffisamment de temps pour m’abstraire du lieu dans lequel je suis, et de ses contingences. De temps pour jouer au sens premier du terme.

As-tu des parrains, des soutiens, des gens plus en vus que toi ?
Mes premiers parrains ont Ă©tĂ© les membres du groupe L’Attirail, qui m’ont accueillie il y a 14 ans, alors que j’avais 20 ans et eux presque 15 de plus. Ils m’ont appris beaucoup. J’ai gardĂ© des liens avec certains d’entre eux mais entre temps j’ai grandi, eux aussi ceci dit. Depuis quelques annĂ©es je reçois le soutien gĂ©nĂ©reux et amical de Chapelier Fou qui m’a proposĂ© des collaborations Ă  venir, des encouragements de mon ami Mocke Depret de Holden et qui travaille avec Arlt et de Midget (Mocke et Claire Vallier), avec qui, autour d’un verre de vin, nous nous serrons les coudes, puisque Midget sort aussi son premier album… J’ai des rapports amicaux avec des musiciens qui me font du bien, comme avec John Greaves par exemple, que j’admire beaucoup. Par ailleurs j’ai Ă©tĂ© beaucoup (moralement) soutenue par le journaliste Olivier Bas ces derniers temps, j’ai reçu les compliments d’Olivier Lebeau de Volvox Music que j’ai rencontrĂ© avant l’Ă©tĂ© et enfin, j’ai reçu un gentil mot qui m’a beaucoup encouragĂ©e de Philippe Couderc de Vicious Circle aprĂšs l’envoi de ma premiĂšre maquette, mais pas de signature possible pour l’instant compte tenu du fait que ce que je fais est confidentiel et que je suis Ă©ditĂ©e. C’est la dure rĂ©alitĂ© des rapports (de pouvoir) entre acteurs du milieu musical…

Tu as un Ă©diteur, tu fais des bandes-son de documentaires politico-historiques, de films, de spectacle de danse, ton album cite des extraits de poĂšmes et de films… Ne crains-tu pas d’avoir le dĂ©faut de ces gens qui sont trop dans l’artistique et donc vu comme trop arty autarciques ?
Il est vrai que je suis un peu autarcique. Pour l’instant je fais ce qu’il me plaĂźt, je ne me prĂ©occupe pas trop de la maniĂšre dont je suis vue, puisque jusqu’Ă  prĂ©sent, je n’Ă©tais pas vue, justement. Je fais partie des gens qui souvent travaillent dans l’ombre, qui participent Ă  des projets oĂč l’intĂ©rĂȘt mĂ©diatique se situe Ă  un autre endroit que le son ou la musique… J’ai souvent senti qu’en France, avoir beaucoup d’activitĂ©s peut ĂȘtre perçu comme nĂ©gatif, je crois que ce n’est pas le cas dans les pays anglo-saxons par exemple. Tant que j’ai du travail… AprĂšs je ne sais pas ce que signifie « ĂȘtre trop dans l’artistique », mais il m’importe quand mĂȘme que ma musique puisse ĂȘtre immĂ©diatement recevable, d’un point de vue sensible et Ă©motionnel. Puisque c’est avant tout ce que j’aime lorsque j’Ă©coute de la musique : avoir des frissons.

Qui est ton Ă©diteur. Peux-tu m’en parler ? Une vraie rencontre ?
Mon Ă©diteur, FrĂ©dĂ©ric Leibovitz, est une personne exquise, qui compte Ă©normĂ©ment pour moi, et qui en effet a Ă©tĂ© une rencontre dĂ©terminante dans mon parcours. Nous travaillons ensemble depuis 2005. C’est grĂące Ă  lui que j’ai opĂ©rĂ© le glissement progressif vers l’Ă©lectronique et l’expĂ©rimental, c’est lui qui m’a encouragĂ©e Ă  faire des mĂ©langes sonores et de genres. Il m’a donnĂ© confiance et a contribuĂ© amplement Ă  ce que je puisse vivre de la musique. Par ailleurs c’est une personne terriblement intelligente et extrĂȘmement cultivĂ©e que j’aime Ă©couter.

C’est lui qui te permet de bien vivre de ta musique ?
Lorsque FrĂ©dĂ©ric Leibovitz Ă©dite une musique que j’ai composĂ©e pour un film, aprĂšs diffusion du film, nous avons un contrat qui facilite et autorise tout autre utilisation de cette musique (pour des documentaires, des lectures sur France Culture pu des Ă©missions sur France Inter) et elle a un prix. C’est le travail de l’Ă©diteur que de faire vivre le plus possible la musique qu’il a Ă©ditĂ©e, et par consĂ©quent les compositeurs avec qui il a signĂ©. Beaucoup d’acteurs du milieu musical, du cinĂ©ma ou de l’audiovisuel considĂšrent (souvent sans mĂȘme l’avoir Ă©coutĂ©) qu’une musique qui passe par ce systĂšme d’Ă©dition est de la fausse musique. Or la vraie question que pose par mon Ă©diteur est : « Est-ce la destination de la musique qui fait sa qualitĂ© ? » Non. Il m’arrive parfois de penser que tout ça est liĂ© Ă  un problĂšme narcissique, et mal placĂ©. D’ailleurs on est plus abreuvĂ© par l’image d’un artiste que par sa musique aujourd’hui en gĂ©nĂ©ral, et tout le monde se met dans la peau d’un expert en communication-marketing, pour essayer de faire « la diffĂ©rence ».

Tu es nĂ©e en Bretagne, tu joues de l’accordĂ©on, fais une musique instrumentale. Tu mords si on te compare Ă  Yann Tiersen ou Ă  une fĂ©e ?
Je viens de Bretagne, oui, mais rien de gĂ©nĂ©tique lĂ -dedans ! Et puis je ne suis plus l’accordĂ©oniste que j’ai Ă©tĂ©, ce n’est plus mon instrument de prĂ©dilection, mĂȘme si je l’adore. Je n’ai pas Ă©coutĂ© le dernier album de Yann Tiersen, donc je ne sais pas si la comparaison est juste, mais je me souviendrai toujours de la rĂ©action que j’ai eu il y a 14 ans environ lorsque j’ai dĂ©couvert qu’il jouait de tous les instruments sur son album Le Phare, que j’ai beaucoup Ă©coutĂ© : j’ai Ă©tĂ© bluffĂ©e, impressionnĂ©e, et je me suis dit quelle audace, il a bien raison ! Composer avec un accordĂ©on comme le sien (j’ai le mĂȘme, un chromatique piano) induit un certain nombre de schĂ©mas que j’ai bien reconnu chez lui. Il a ses gimmicks et j’ai aussi mes habitudes musicales, mais je crois qu’elles sont sensiblement diffĂ©rentes, harmoniquement parlant. Quand j’Ă©coute des mĂ©lodies de lui aujourd’hui, je me dis : « Tiens, j’aurais terminĂ© la phrase diffĂ©remment », ou encore : « Tiens, j’aurais mis plutĂŽt telle autre note de basse… » Et pour ce qui est de la fĂ©e, si je m’en tiens Ă  la dĂ©finition que je viens de lire dans Wikipedia (« Une fĂ©e est un ĂȘtre imaginaire, gĂ©nĂ©ralement dĂ©crit comme anthropomorphe et du genre fĂ©minin (« fĂ©etaud » au masculin), d’une grande beautĂ©, capable de confĂ©rer des dons aux nouveau-nĂ©s, de voler dans les airs, de lancer des sorts et d’influencer le futur. »), je serais bien curieuse d’apprendre comment t’est venue cette idĂ©e Ă  mon sujet ?

Souvent quand un musicien vient de Bretagne et fait de la musique « climatique » vient automatiquement en tĂȘte un imaginaire fĂ©Ă©rique un peu clichĂ©, surtout si ce musicien est une femme. Et puis tu cites aussi Björk au rang de tes influences… N’est-ce pas un peu risquĂ© ?
Oui, je me suis posĂ© la question, ta question confirme mes craintes… ! Quand je pense Ă  Björk, je pense Ă  Debut, Post, Homogenic mais surtout Ă  Vespertine que j’ai Ă©coutĂ© bien 14 000 fois. A l’Ă©poque je me disais : « Mais que peut-on faire aprĂšs un si beau disque ? » AprĂšs j’ai dĂ©crochĂ©… Donc j’aurais dĂ» prĂ©ciser : Björk entre 1993 et 2001 !

Oui, disons qu’aprĂšs Vespertine c’est surtout Björk qui a dĂ©crochĂ© en partant trop loin dans ses dĂ©lires vocaux et son Ă©gocentrisme arty… Mais pour en revenir au thĂšme de la fĂ©e musical, il m’a toujours semblĂ© que le succĂšs musical et visuel de Bjork, aprĂšs celui de Kate Bush, avait engendrĂ© un clichĂ© nĂ©faste que j’appelle la « fĂ©Ă©risation » ou « elfisation » des femmes musiciennes. ClichĂ© castrateur perpĂ©tuĂ© par le discours journalistiques quand il ne l’est pas par les artistes elles-mĂȘmes par suivisme. Tu sais, ce truc de la femme-fĂ©e Ă  la fois bizarre et jolie, fashioniste et animiste, vĂȘtue de parures et de plumes excentriques ? Qu’est-ce que cela t’inspire ?
C’est une rĂ©flexion passionnante que tu lances lĂ , et je ne suis pas sĂ»re qu’il existe d’ouvrage Ă  ce sujet. Je sais qu’en histoire et en sociologie il y a des ouvrages sur les femmes musiciennes, ainsi que des articles sur l’utilisation de la voix par les femmes, sur des groupes de femmes en musique qui se montent, issus de la culture queer ou fĂ©ministe par exemple, seule culture Ă  mon sens qui renouvelle aujourd’hui la mise en scĂšne des musiciennes, mais qui a ses codes bien circonscrits aussi d’une certaine maniĂšre, en revanche, des analyses sur la reprĂ©sentation des femmes dans la musique pop et rock, et sur la maniĂšre dont elles ont elles-mĂȘmes choisi de se mettre en scĂšne, je ne vois pas. C’est Ă  faire ! C’est vrai que cette drĂŽle de mise en scĂšne entre l’ĂȘtre imaginaire et la culture animiste qu’ont utilisĂ© Bjork et Kate Bush est Ă©tonnante (ceci dit, je me dis que l’image mĂȘme du groupe Gossip est en train de se dĂ©rĂ©aliser dans les derniĂšres photos que j’ai vues). Est-ce pour Ă©chapper aux autres alternatives de mise en scĂšne des femmes en musiques : la rockeuse sexy avec son cuir sur ses seins nus, la femme distraite qui a les yeux en l’air comme si elle avait fait une bĂȘtise (l’Ă©tourdie en somme), l’espiĂšgle un peu fatale qui te regarde avec des yeux mi coquins mi fĂ©lins mais qui a les Ă©paules nues mises en avant, la poupĂ©e fragile, le personnage fantastique qui n’est pas Ă©loignĂ© de la figure ambivalente de la fĂ©e ? Peut-ĂȘtre. Je suis en train de faire des recherches images dans Google et c’est passionnant : mĂȘme Bat for Lashes avec son maquillage indien d’AmĂ©rique, ses plumes et son col roulĂ© moulant tigre ou lĂ©opard ou encore Camille avec des rĂ©fĂ©rences Ă  la danse tribale rentrent lĂ -dedans. Il y a aussi le clichĂ© de la musicienne qui ferme les yeux comme aspirĂ©e dans une profondeur inspirĂ©e en intĂ©rieur jour avec du vent dans les cheveux. Je remarque aussi un trĂšs gros succĂšs de la plume multicolore dans les cheveux… Il y a des codes d’identification immĂ©diate, des modes : comprendre en une image Ă  quel genre de musique on a Ă  faire est un enjeu sans doute important pour beaucoup aujourd’hui, tout simplement pour vendre mais aussi ĂȘtre immĂ©diatement assimilĂ©(e) Ă  une famille, un courant, ĂȘtre « in ». (De ce point de vue lĂ , Ă©galement, je crois que je n’ai pas optimisĂ© mes chances !). Pour revenir Ă  ta question sur une Ă©ventuelle castration comme tu dis, je me demande : faut-il en effet que les femmes soient des petits gĂ©nies monstrueux comme Björk, dont la force crĂ©atrice est indĂ©niable, pour que soient acceptables leur talent et leur crĂ©ativitĂ© ? Autrement dit, faut-il qu’elles ne soient pas tout Ă  fait humaine (tout comme la figure de la sorciĂšre) ? Toute l’ambiguĂŻtĂ© aprĂšs rĂ©side dans le fait qu’il y a sans doute une sorte d’interaction entre ce que la sociĂ©tĂ© admet et vĂ©hicule comme image et la maniĂšre dont les artistes elles-mĂȘmes, parfois sans aucun recul critique, se mettent en scĂšne afin de toujours et encore servir une image des femmes. A ce sujet, cela me fait penser Ă  un trĂšs beau travail rĂ©alisĂ© dans les annĂ©es 60 par Erving Goffman (que je te mets en pdf en piĂšce-jointe : les images commencent Ă  la page 40) sur les reprĂ©sentations des hommes et des femmes dans la publicitĂ© et les magazines. C’est toujours d’actualitĂ© ! En ce qui me concerne, j’ai orientĂ© la photo qui est dans mon album vers un univers proche de celui d’Aki KaurismĂ€ki, c’est-Ă -dire une sorte de poĂ©sie de l’absurde emprunte de mĂ©lancolie, univers que j’aime Ă©normĂ©ment, mais je ne sais pas au final, quelle image (genrĂ©e) de moi cette photo vĂ©hicule.

Par moments l’Ă©coute de ton album m’a Ă©voquĂ© les atmosphĂšres d’illuminations en bruissements d’insectes du dernier Apparat, The Devil’s Walk. Une sorte de fĂ©Ă©rie justement mais intrinsĂšquement liĂ©e aux atmosphĂšres dĂ©veloppĂ©es, subtile, pas clichĂ©. Presque Myazakiennes, suprasensible. Connais-tu la musique d’Apparat et si oui sens-tu des accointances entre sa musique et la tienne ?
J’adore Apparat. Je viens de dĂ©couvrir son dernier album et j’avoue l’avoir moins aimĂ© que son prĂ©cĂ©dent, Walls, mon favoris, que j’Ă©coute trĂšs souvent. Disons que sur The Devil’s Walk, les voix m’ont Ă©tonnĂ©. Mais bien sĂ»r, j’y trouve des accointances avec ce que je fais, comme c’est souvent le cas avec les musiques que j’aime, mĂȘme si souvent ces accointances ne parlent qu’Ă  moi ! Globalement, j’adore son travail sur le rythme, reconnaissable entre mille et sa gravitĂ© et mĂ©lancolie assumĂ©es, ce qui n’est pas encore mon cas. Dans son dernier album il y a plus d’Ă©lĂ©ments acoustiques et un mode d’enregistrement un peu diffĂ©rent, du coup oui, sur un morceau comme « The Soft Voices Die », il y a vraiment un univers trĂšs proche du mien, avec toujours, heureusement, les choix qui sont propres Ă  chacun, Ă  savoir des progressions harmoniques comme ci ou comme ça, ce qui fait que l’on ne peut jamais se dire : j’aurais fait la mĂȘme chose.

Il y a peu de chant et de texte dans ton disque et quand il y en a « ça parle » de silence, d’absence, de dĂ©litement de l’ĂȘtre. Quel est ton rapport au chant et Ă  la pop ?
J’ai dĂ©couvert ma voix assez tardivement en l’utilisant dans des rĂ©alisations sonores qui accompagnaient des photographies, donc avant tout sous la forme parlĂ©e. Le caractĂšre rythmique et musical de cette utilisation ne m’a pas Ă©chappĂ©. Et puis un jour je suis passĂ©e d’une voix parlĂ©e sur la musique Ă  une voix progressivement chantante, de maniĂšre trĂšs laborieuse (il faut compter entre 50 et 250 prises pour obtenir un rĂ©sultat qui me convient ! j’exagĂšre Ă  peine) parce que concrĂštement, je ne sais pas chanter, mais j’aime beaucoup ça. Et j’ai aimĂ© du coup pouvoir exprimer des images par des mots. Il est vrai que chanter et Ă©crire des textes fait basculer dans une autre dimension de l’expression de soi. Ce qui en ressort chez moi, c’est mon expĂ©rience de la solitude et de l’imaginaire qui en dĂ©coule, ainsi que la maniĂšre dont j’aime l’observer chez les autres, dans la rue, dans un cafĂ©, n’importe oĂč. Et en ce qui concerne la pop, il y a comme quelque chose qui m’Ă©chappe dans ce mot. Je ne saurais pas dire ce que c’est pour moi la pop.

En tous cas, quand tu te mets Ă  chanter on dĂ©couvre une voix assez grave et pugnace, qui minaude pas quoi comme sur ce « Washing Machine » tout en « word dropping » presque rap qui ouvre l’album. C’est important ça, ne pas minauder ? Et comment est nĂ© ce morceau ? Son propos est, paraĂźt-il, politique…
Oui, ne pas minauder c’est un premier pas vers la dĂ©sinhibition ! J’ai Ă©crit ce texte avec une intention trĂšs prĂ©cise, mais aussi en accord avec le rythme. La musique a prĂ©cĂ©dĂ© le texte, comme pour tous les morceaux. L’ordre des mots est soigneusement choisi en fonction de cette contrainte (nombre de syllabes etc.). J’y Ă©numĂšre un certain nombre de mots, adjectifs, signifiants, activitĂ©s, que l’on assigne ou associe aux femmes, des caractĂšres qu’on dit « naturels ». Ces assignations de genre Ă©manent et servent des rapports de pouvoir et dĂšs qu’il s’agit de rapports de pouvoir on est dans le politique il me semble. Je n’y vais pas avec le dos de la cuillĂšre parce que ces « assignations » m’Ă©nervent beaucoup.

« XXY » c’est un morceau (deux morceaux d’ailleurs) sur le syndrome de Klinefelter ?
Ce n’est pas un morceau qui parle de cette combinaison chromosomique, mais le titre y fait rĂ©fĂ©rence Ă©videmment. Ce morceau est une Ă©vocation mĂ©taphorique de la question de la perception du genre et surtout de mes questionnements sur « qu’est ce qui se joue et qu’est ce qui est si important au fond quand on se demande au sujet de quelqu’un : « Est-ce un homme ou une femme ? » mais qui pourrait rejoindre aussi les interrogations autour de : « Est-ce un blanc ou un noir » ? Il n’y a pas longtemps j’ai lu La TĂąche de Philip Roth, livre sur un homme noir qui se fait passer toute sa vie pour blanc et dont la carriĂšre universitaire s’achĂšve brusquement, parce qu’il est accusĂ© de racisme… Je ne saurais pas dire pourquoi, mais je sens qu’il y a un lien.

« Untitled Society » incorpore des bruitages de films pornos. Pourquoi ? C’est une sorte de dĂ©nonciation des films pornos ou t’es du genre Ă  en regarder ?
Oui, il m’arrive d’en regarder, bien que rarement, mais ce qui m’a beaucoup amusĂ©, c’est de dĂ©couvrir des disques entiers de bruitages pour films porno, avec des sons trĂšs clichĂ©s et surtout des voix de femmes (majoritaires Ă©videmment) Ă  qui on fait dire des choses incroyables avec une voix sensĂ©e exprimer le comble du dĂ©sir ou de l’excitation. Les banques de bruitages sont passionnantes Ă  cet Ă©gard car elles rĂ©sument assez bien Ă  mon sens tout l’imaginaire d’une sociĂ©tĂ©, et comme un son fonctionne un peu comme une mĂ©tonymie (un bruit de circulation dans un film = en ville). Il est intĂ©ressant d’entendre ce que les producteurs de ces sons ont choisi pour illustrer telle ou telle situation.

Porno, lave-linge, chant parlĂ© (associations d’idĂ©es) : connais-tu Yann Tambour alias Encre et maintenant This Stranded Horse ?
This Stranded Horse, c’est le mec qui joue de la kora ? Oui, il avait dĂ©jĂ  retenu mon attention pour la simple raison que j’ai eu envie aussi Ă  un moment de me mettre Ă  la kora. Je l’avais enviĂ©.

Comment es-tu venue Ă  la musique ?
J’ai appris le piano Ă©tant jeune et j’ai arrĂȘtĂ© Ă  13 ans. Je crois que je n’aimais pas « travailler le piano ». J’ai, je ne sais pourquoi, dĂ©veloppĂ© une obsession pour l’accordĂ©on Ă  18 ans, que j’ai achetĂ© aprĂšs mon bac. J’ai appris seule cet instrument en essayant de jouer Les NĂ©gresses Vertes ou des morceaux de Madredeus. Et puis j’ai Ă©tĂ© « repĂ©rĂ©e » par un contrebassiste, Stephen Harrison, alors que je faisais la manche avec des potes dans un cafĂ© en jouant de la musique tzigane. Ensuite je suis rentrĂ©e dans le groupe L’Attirail, qui avait dĂ©jĂ  pas mal de concerts Ă  son actif, ce qui m’a permis de me « professionnaliser », autrement dit, gagner ma vie en Ă©tant musicienne.

J’ai appris que tu avais aussi  jouĂ© avec le groupe Jack The Ripper
Oui, j’ai jouĂ© de l’accordĂ©on sur leur premier album et les ai accompagnĂ©s sur scĂšne pour la sortie de l’album. Mais l’accordĂ©on n’Ă©tait pas censĂ© intĂ©grer le groupe de maniĂšre constante (ils Ă©taient dĂ©jĂ  bien nombreux !). Nous nous sommes un peu perdus de vue avec les ans, bien que j’ai des liens amicaux avec Adrien, le violoniste.

As-tu, dans ta venue Ă  la musique, un disque ou un groupe fondateur ?
Les disques de ma mĂšre : Rachmaninov, Mozart, Schubert, Chopin mais aussi Stevie Wonder et Robert Wyatt et son Rock Bottom et ma dĂ©couverte Ă  l’adolescence de The Cure et de LĂ©o FerrĂ©.

J’ai lu que tu aimais aussi beaucoup John Cale. Pourquoi et que faut-il Ă©couter de lui ? Je l’ai rĂ©cemment interviewĂ© mais je suis novice su son Ɠuvre. Peux-tu m’Ă©clairer ?
J’avais lu ta chronique dans le journal Trois Couleurs et je l’avais trouvĂ©e mĂ©lancolique…

MĂ©lancolique ? Ah Ă©trange, mais ça a tendance Ă  me plaire que tu l’aies trouvĂ©e mĂ©lancolique. Saurais-tu dire pourquoi ?
Je sens de la tristesse dans ton ton, ou bien c’est moi que cet article a rendue un peu triste. Tu finis en Ă©crivant « la vĂ©ritĂ©, c’est que peu se prĂ©occuperaient de ce Shifty Adventures in Nookie Wood s’il n’était signĂ© John Cale » tout en ayant commencĂ© par « Cale, c’est le « John qui ? » du rock. On le confond souvent avec John Cage et J. J. Cale, deux autres musiciens mĂ©connus ». Il y a un cĂŽtĂ© cruel et un peu absurde de la position dans laquelle toi en tant que journaliste musical tu te retrouves : Ă  la fois comment ne pas chroniquer ce disque, mais aussi comment et pourquoi le chroniquer ? C’est ça  la chute d’une figure que l’on aurait aimĂ©e icĂŽne ? Par ailleurs ce disque est dĂ©concertant, je ne l’ai pas compris, je le vois comme une tentative maladroite de s’accrocher Ă  une Ă©poque dans laquelle on se sent mal, tout en digĂ©rant trĂšs mal les ingrĂ©dient qui permettraient d’y accĂ©der. Alors qu’il peut Ă©crire des choses sublimes, je l’imaginerais mieux en spoken word, avec des cordes en toile de fond, du silence, du souffle et sa voix grave. Pour ce qui est de son Ɠuvre Ă  conseiller, au-delĂ  de ce que je connais de lui dans le Velvet Underground et de sa carriĂšre solo que je ne connais que partiellement, il a Ă©crit une musique de film qui est assez bouleversante, N’oublie pas que tu vas mourir, avec notamment un quatuor Ă  cordes. De ces compositions, il se dĂ©gage une force mĂ©lancolique qui va bien au-delĂ  de celle du film, comme si quelque chose de lui cachĂ© s’Ă©tait exprimĂ© lĂ -dedans. Ça m’a bouleversĂ©e et je l’ai vu sous un autre jour Ă  partir de lĂ . En composant « Une Nuit d’Ennui » (un morceau de son premier album – nda), j’ai pensĂ© Ă  ça.

Ce disque, 334 distance, tu le joueras sur scĂšne, avec un groupe ?
Cela va bien m’arriver un jour, bien que paradoxalement, ce ne soit pas ma prioritĂ©. Cela demande un gros boulot d’adaptation, et il serait difficile de le jouer seule. De toute façon, je suis trop inhibĂ©e pour cela, je n’ai pas encore dĂ©terminĂ© la formule scĂ©nique la mieux adaptĂ©e, et j’ai trĂšs envie de passer Ă  autre chose….

A ce propos, j’ai cru comprendre qu’actuellement tu travaillais sur la bande-son d’un documentaire consacrĂ© Ă  l’Ă©crivain(e ?) Annie Lebrun. J’ai dĂ©jĂ  entendu parler d’elle mais je ne la connais pas. Enfin je ne connais pas son Ɠuvre. Que peux-tu m’en dire ?
Je me plonge en ce moment dans son Ɠuvre, que je ne connaissais que peu. Et je dois avouer que je prends une claque. Une Ă©criture magnifique, une intelligence incroyable, et beaucoup de caractĂšre ! J’admire son cĂŽtĂ© radical et insoumis. J’ai lu un entretien d’elle et il y avait un passage qui n’Ă©tait pas Ă©loignĂ© de nos prĂ©occupations ci-dessus. A un moment le journaliste lui dit qu’elle fait « essentiellement rĂ©fĂ©rence Ă  des auteurs morts » et lui demande : « Ces expĂ©riences sont-elles impossibles aujourd’hui ? ». Voici ce qu’elle rĂ©pond, brillant : « Ce n’est pas impossible mais je n’ai pas vu grand-chose qui m’ait bouleversĂ©e. Il y a sĂ»rement des ĂȘtres qui sont ailleurs mais tout paraĂźt fait pour qu’on le sache encore moins qu’avant. Étant donnĂ© la mise en rĂ©seau du monde actuel, comment pourraient s’y manifester des ĂȘtres qui sont en dehors, en rupture ? À la place, on nous vend des ersatz de rĂ©volte qu’on peut acheter Ă  tous les prix : une rĂ©volte pour les pauvres avec le rap, une autre pour la moyenne bourgeoisie ciblĂ©e entre jeune cadre et publicitaire… Il y a un vĂ©ritable marchĂ© de la rĂ©volte : un dictionnaire du SiĂšcle rebelle chez Larousse, un parfum… Un livre qui a sa place dans ce marchĂ©, c’est Lipstick Traces de Greil Marcus, oĂč, situationnisme aidant, Dada est dĂ©clarĂ© l’ancĂȘtre des punks. C’est tellement approximatif qu’on est Ă  la limite de la dĂ©formation, voire de la dĂ©sinformation sur l’Ă©poque. C’est un produit exemplaire de la pensĂ©e prĂ©-mĂąchĂ©e qui fait fureur mais qui sert en l’occurrence Ă  camoufler le tragique du massacre de la rĂ©volte punk, sur laquelle il faudra revenir. Mais on peut dĂ©jĂ  voir dans ce livre combien, pour l’oublier, y aident l’aplatissement de toute perspective historique et la neutralisation de la dimension sensible qui dĂ©terminent aujourd’hui le formatage de tous les produits culturels. VoilĂ  un peu de rĂ©volte, emballage tendance, qu’on peut acheter en kit pour les fĂȘtes de fin d’annĂ©e. » CĂŽtĂ© musique, nous avons dĂ©cidĂ© avec la rĂ©alisatrice ValĂ©rie Minetto d’un univers musical en lien avec ses intentions formelles. Je suis partie sur un duo piano/violoncelle mais j’imagine un travail sur le son, l’air dans le son, pour ajouter un peu de matiĂšre Ă©paisse dans ce duo.

A part ça qu’est-ce qui te (prĂ©)occupe actuellement ?
Jean-François Copé me préoccupe beaucoup beaucoup.

(OFF RECORD.)

5 réponses
  1. Gallois david
    Gallois david dit :

    Salut Sylvain
    Et bien oui, elle est trÚs intéressante cette nana.
    Je dirais qu’elle semble avoir le gĂ©nie en elle. Celui de construire sont histoire/son Ɠuvre avec un regard tournĂ© en permanence vers diffĂ©rentes sources d’inspiration / un regard sans point fixe.
    Peut-ĂȘtre ce rien, de tout ( comme je dirais une infiltrĂ©e, un colon de l’esprit).
    Une part de nihilisme, souhaitable Ă  mes yeux mĂȘme si dangereuse ( historiquement liĂ©e Ă  la barbarie).
    Je te suis, nous nous retrouvons en elle.
    Et puis son parcours, moi ça m’interpelle et je comprends qu’elle touche aujourd’hui Ă  plusieurs dimensions.
    Un jour elle pourrait ĂȘtre Ă©crivain, le lendemain politique….tu vois !
    Tu as raison, on croise dans sa vie, quand on a de la chance, des personnes qui vous renvoient Ă  notre dimension humaine, sublime ( comme Hugo sublime notre romantisme).

    Boulversant pour toi cette interview, ça se lit !
    David.

  2. Sylvain Fesson
    Sylvain Fesson dit :

    Salut David,
    C’est trĂšs gentil et touchant de me faire partager ta vibration sur ce texte / entretien.
    J’aime beaucoup sentir que les choses se propagent ainsi, tu vois, on en a besoin, non ?
    De se sentir Ă©mu, inspirĂ©, pris dans des trucs, des rencontres, des cercles vertueux…
    A suivre

  3. ludo
    ludo dit :

    Merci Sylvain pour cette découverte.
    Je picore l’album petit Ă  petit, de plus en plus Ă©merveillĂ© par la subtilitĂ© et les ambiances si personnelles d’ALGK.
    Un vrai coup de foudre, en douceur, comme dans un rĂȘve.
    Je pense que je me fendrai d’une chronique amoureuse en dĂ©but d’annĂ©e, sur le webzine auquel je collabore (Pinkushion), histoire de tenter de faire connaĂźtre cette musique de plume et mercure.
    En attendant, 334 Distance est mon baume d’hiver. Seul regret, que l’album n’existe pas (Ă  ma connaissance) en version physique, cd que j’aurais pu offrir Ă  quelques coeurs tendres autour de moi …
    Belle fin d’annĂ©e Ă  toi, cher dĂ©fricheur

    Ludo

  4. Sylvain Fesson
    Sylvain Fesson dit :

    De rien Ludo, super si le hasard t’a amenĂ© Ă  lire cet entretien et donc Ă  dĂ©couvrir cette artiste.
    334, distance est en effet de ces disques riches, paysagistes et mĂ©ticuleux qui s’abordent patiemment…
    Vraiment super si tu tombes petit Ă  petit dedans, comme moi avant toi, etc., etc.
    N’hĂ©site pas Ă  contacter Alice, il doit sĂ»rement lui rester un exemplaire Ă  envoyer… 😉
    Belle fin d’annĂ©e Ă  toi aussi, dĂ©fricheur-passeur
    Sylvain

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