FEMME MEDECIN (NIGEL GODRICH)

2 octobre 2012. 19h55. Mail de Bester de Gonzai.com. Objet : « Nigel Godrich URGENT ». Le producteur de Radiohead a un nouveau projet : Ultraista, « trio anglais » qu’il forme avec Laura Bettinson (chant) et Joey Waronker (batterie). L’album sortira le 17 octobre chez Fortified/La Baleine. Il est prĂ©cĂ©dĂ© du single « Smalltalk », dĂ©jĂ  disponible en ligne. Ils joueront demain au Silencio, le club dĂ©signĂ© par Lynch et ils donneront des interviews. Bester devait s’y coller mais finalement il se dĂ©commande. « Or Godrich, ça vaut le coup ». Un peu oui ! Ultraista, je ne sais pas mais Godrich clairement. Ok pour moi ! Godrich quoi !

Son histoire est insĂ©parable de celle de Radiohead. Leurs destins se croisent en 94 alors qu’ils enregistrent My Iron Lung EP, 8 titres qui annonce la transition entre Pablo Honey, premier album brĂ»lant comme une premiĂšre giclade, un peu Quasimodo, pas beau, honni et The Bends, ce virage, doux visage, pyramidal, qui, ne sonnant ni anglais ni amĂ©ricain, dessinera comme une troisiĂšme voie au-dessus de la mĂȘlĂ©e. Nigel Godrich a 23 ans, soit, fait rare peut-ĂȘtre unique Ă  l’Ă©poque, un peu moins que les gars qu’il s’apprĂȘte Ă  produire. DiplĂŽmĂ© d’une Ă©cole d’ingĂ©-son, il sort d’un studio oĂč il servait thĂ©s et cafĂ©s Ă  toute heure.

Depuis trois ans Nigel travaille aux studios RAK Ă  Londres. Il y assiste John Leckie, un type qui a Ă©tĂ© ingĂ©-son pour Pink Floyd, Mott The Hoople, John Lennon et George Harrison aux studios Abbey Road dans les annĂ©es 70 puis qui a produit Magazine, Simple Minds, XTC, Stone Roses, Verve, Ride… et qui produira ensuite Cast, Kula Shaker, Spiritualized, Muse… Nigel est lĂ  car il s’est passionnĂ© pour le son en dĂ©couvrant le Reggatta de Blanc de Police (Ă  l’Ă©coute de l’album, produit par un certain Nigel Gray, il se serait dit : « si ce Nigel peut le faire, je peux le faire aussi ». Et un peu par atavisme : son pĂšre Ă©tait ingĂ©-son Ă  la BBC.

En attendant il aide donc Leckie sur cet EP de Radiohead. Et il est repris sur The Bends. Mais lĂ  ça se corse. Le groupe est paralysĂ©. C’est l’effet « Creep », ce tube (malgrĂ© eux ?) qu’ils ont rebaptisĂ© « Crap » et du fameux cap du « toujours difficile deuxiĂšme album », surtout quand le premier a marchĂ©. Bref, Ă  un moment Leckie doit s’absenter deux jours. Entre lui et le groupe, l’entente sera telle, genre « le chat n’est pas lĂ  les souris dansent », « chante, danse et mets tes baskets », qu’ils en profiteront pour boucler quelques faces B, dont « Black Star », qui leur plait tant qu’elle finira sur le disque. C’est le dĂ©but de l’idylle.

Godrich quitte RAK mais continue Ă  voir Radiohead pour mettre quelques faces B en boĂźte (« Talk Show Host », « Lucky »…). The Bends explose sur la scĂšne pop-rock mondiale. Parlophone propose des grosses pointures pour produire le prochain album. Ils refusent. Scott Litt, producteur de REM depuis l’album de leur percĂ©e mainstream, Document (87), offre ses services. Niet. Ils veulent Nigel. Ils prennent le chĂšque de la maison de disques (140 000 dollars) et l’appellent. Leur idĂ©e : s’autoproduire et prendre la tangente avec lui. Ils lui demandent de leur monter un studio mobile : « Dude, qu’est-ce qu’on doit acheter ? »

« Une grosse table de mixage, deux gros racks, un magnĂ©to deux pouces », voilĂ  le matos qu’ils ont ramenĂ©. Enjoy. Le must de l’Ă©poque. « Avec ça tu Ă©tais libre d’aller oĂč tu veux ». Avec ça, il devient leur Bro Tools, leur so(u)rcier du son et suivant ses conseils ils quittent alors leur local de rĂ©pĂ©tition, Canned Applause, un vieux dĂ©pĂŽt de pommes de l’Oxfordshire situĂ© Ă  10 km de la ville la plus proche, pour un lieu encore plus paumĂ© oĂč ils sĂ©journeront plus de trois mois : il s’agit de St Catherine’s Court, le manoir de l’actrice Jane Seymour (Docteur Quinn, femme mĂ©decin), qui a dĂ©jĂ  reçu Johnny Cash et Cure (Wild Moon Swings).

« Aller en studio, c’est un peu comme aller chez le mĂ©decin », dira Thom Yorke. Entendre : on sent les fantĂŽmes de tous musiciens qui s’y sont dĂ©jĂ  pressĂ©s pour se faire accoucher. « Et se soustraire au monde est une excellente chose, continuera le leader de Radiohead. C’est le seul moyen de se concentrer quand on travaille comme nous. J’imagine que ce que je dis sonne un peu « Actors Studio ». Mais c’est d’ailleurs comme ça que Nigel a tendance Ă  nous dĂ©crire et ce n’est pas faux : pour travailler comme nous, il faut pouvoir s’endormir et se rĂ©veiller avec le « rĂŽle » en tĂȘte. Le reste doit devenir une zone lointaine et grisĂ©e. »

« Pour les groupes qui l’appellent Ă  leur chevet, Nigel Godrich est tout Ă  la fois le directeur de conscience et l’homme de confiance voire de bonne conscience. C’est celui qui accepte les confessions et facilite la victoire du surmoi sur un moi bande mou » explicitera, Ă  la sortie du Regeneration de Divine Comedy (2001), Jean-Daniel Bauvallet des Inrockuptibles. Ça aussi ce n’est pas faux. A l’Ă©poque Neil Hannon devait se rĂ©inventer, « se dĂ©barrasser de ses tics cabotins et de ses rĂ©flexes grandiloquents ». Il l’avait donc appelĂ© et Godrich avait enlevĂ© les « tentures de velours » pour ne conserver « que les murs les plus droits ».

« Il est celui qui, dans un changement de direction, est appelĂ© pour rĂ©gler le licenciement des anciens fans les plus obtus, les moins ouverts aux dĂ©sirs d’aventures » ajoutera JDB. Son travail avec McCartney en sera une nouvelle preuve. Il ne prendra pas de pincettes quand, recommandĂ© par George Martin, le producteur des Beatles, il produira « Sir Paul ». Il lui demandera de renvoyer ses musiciens pour jouer lui-mĂȘme de tous les instruments et aussi de jeter ses chansons trop fleur bleue. Chaos and Creation in the Backyard (2005) sera accueilli par la critique comme le meilleur album de McCartney depuis bien longtemps.

Un autre exemple ? Son intervention sur The Eraser (2006), l’album solo de Thom Yorke. Sans lui ces neuf titres n’auraient jamais pris forme. En deux ans Yorke avait stockĂ© « l’Ă©quivalent de deux CD de musique » sur son laptop, « des bribes de basse, de boucles de guitare » parce que, dira-t-il, « je ne suis pas un songwriter. Hormis quelques anciens comme Scott Walker ou Stephen Malkmus, j’Ă©coute plus des sons, des beats, des grooves… C’est pour ça que je suis parfois frustrĂ© Ă  l’Ă©coute de Radiohead : Ă  mon corps dĂ©fendant, nous faisons des chansons. Je voulais m’Ă©loigner de ce genre de format pour The Eraser. »

Il y voyait « de la pure daube », voulait en faire un disque mais c’Ă©tait « un peu du bluff »… Jusqu’Ă  ce que Godrich y voit « quelques bonnes idĂ©es qui mĂ©ritent d’ĂȘtre travaillĂ©es ». Alors « soudain, c’est devenu une rĂ©alité ». « Mais lĂ  tu tiens une chanson, lui affirmait-il, il faut absolument que tu chantes dessus ! ». « Il me donnait des ordres, se rappelle Thom. « C’est bon, on enregistre ta voix ! » Il l’a limitĂ© Ă  14 titres, Ă  une ou deux prises de voix sans Ă©cho ni rĂ©verb, lui a donnĂ© des Ă©chĂ©ances et l’artiste s’est exĂ©cutĂ©. « Ok, j’y vais ! ». Sans la discipline de faire de Godrich et « son obsession pour les chansons » pas d’Eraser. 

En 96, ce manoir est donc censĂ© ĂȘtre le lieu rĂȘvĂ© pour que Radiohead largue les amarres. Mais rĂȘvĂ©e, cette bĂątisse ne le sera qu’un temps. Y sont-ils trop restĂ©s Ă  dĂ©fier les lois de la CrĂ©ation, invitant leurs propres fantĂŽmes ? « C’Ă©tait comme si la maison m’oppressait, confiera Yorke. Au dĂ©but, on l’intriguait et puis elle en a eu marre et elle a commencĂ© Ă  actionner ou arrĂȘter les machines, rembobiner les cassettes. En plus on Ă©tait au milieu de nulle part. Et quand on a fini de faire de la musique, on s’est aperçu qu’on entendait rien, mĂȘme pas un oiseau. Rien. Un silence surnaturel. Je n’ai jamais pu trouver le sommeil. »

Une chose est sĂ»re : quelque chose s’est passĂ© entre ces murs. Ils ont Ă©tĂ© le lieu du crime, du scream, Der Schrei d’Ok Computer, la BĂȘte et la Bible. S’y faisait un des albums de rock Ă  guitares les plus aboutis de l’histoire sur lequel tout ou presque a dĂ©jĂ  Ă©tĂ© dit. Qu’est-ce que ça aurait donnĂ© si l’endroit avait Ă©tĂ© truffĂ© de camĂ©ras cachĂ©es ? Chambre d’enfants, salle de bal, hall d’entrĂ©e : le groupe utilise chaque piĂšce selon son acoustique, joue avec des instruments analogiques et tout ou presque est enregistrĂ© live par Nigel qui gĂšre tout depuis la bibliothĂšque. Presque, parce qu’ils ont des ordis, le dĂ©but d’Internet et Pro Tools.

DĂ©multiplication des pistes, mutation des sons, dĂ©coupages, collages : ce logiciel a changĂ© la maniĂšre de faire du rock et le Corps du rock. Richard Ashcroft, le chanteur de The Verve se souvient de son impact sur leur troisiĂšme album : « Durant l’enregistrement, on faisait tourner deux Pro Tools en quĂȘte du son qu’on recherchait. C’était une pĂ©riode excitante. Les musiciens pouvaient tenter des choses jamais faites avant parce que la technologie ouvrait de nouveaux horizons. » Et comme « Urban Hymns fut l’un des premiers disques Ă  utiliser Pro Tools on aurait aussi pu l’appeler Ok Computer« , me lancera-t-il, fier. Jaloux.

MĂȘme le Fantaisie Militaire d’Alain Bashung aurait pu s’appeler ainsi. « On l’a enregistrĂ© en 97, Ă  une Ă©poque oĂč on dĂ©couvrait tout juste Pro Tools, me racontera Jean-Louis PiĂ©rot, co-producteur du disque, et dĂšs le dĂ©part Alain voulait l’utiliser parce que son fantasme, c’était de faire travailler plusieurs arrangeurs sur les mĂȘmes chansons, de prendre un peu de l’un, de l’autre et de mĂ©langer le tout. » Il se lançait dans « des puzzles hallucinants ». « Seul Pro Tools permettait de faire ça, sur bandes on ne pouvait pas. » VoilĂ  Ok Computer avait montrĂ© l’exemple, la voie. « D’ailleurs on l’Ă©coutait au studio », me confirmera JLP.

Avec ce disque et Nigel Godrich en grand prismographe de leur volcan crĂ©atif, ils coiffent tout le monde au poteau au grand jeu du basculement numĂ©rique de la musique pop-rock. Ils ouvrent l’anthropomorphique structure guitare-basse-batterie Ă  un autre monde oĂč tout est possible, comme en tĂ©moigne le morphing des trois parties Bohemian Rhapsodyesque de « Paranoid Android » (en fait un collage de « plusieurs chansons inachevĂ©es ensembles dans le style d’Abbey Road«  dira Thom). Et plus encore les contrĂ©es Rock Bottomesque de Kid A(mnesiac). Un monde – leur monde – oĂč plus rien ne sera ni rock ni Ă©lectro mais autre.

J’ai toujours vu Ok Computer comme un dĂ©lire cyborg, Schwarzyesque, Mr. Univers(el), et aussi T1000, fluide, parfait, androĂŻde, androgyne. Je l’ai toujours associĂ© Ă  cette phrase de Moebius (Venise CĂ©leste) : « Je crois qu’on peut faire voler n’importe quoi trĂšs haut ; mĂȘme des tonnes de mĂ©tal, si tu es reliĂ© Ă  un principe… » Et Ă  cette phrase de Rimbaud (La Lettre du voyant) : « Cette langue sera de l’Ăąme pour l’Ăąme, rĂ©sumant tout, parfums, sons, couleurs, de la pensĂ©e accrochant la pensĂ©e et tirant… » Aujourd’hui je m’aperçois que ces impressions « synesthĂ©siques » sont intimement liĂ©es Ă  la prod’ de Nigel Godrich.

« La beautĂ© est dans l’Ɠil de celui qui regarde » comme disait Wilde et en les faisant tous converger dans sa palette digitale et son recul de « sixiĂšme homme » (expression de Yorke Ă  l’Ă©poque d’Ok Computer), il les a aidĂ© Ă  envisager leur musique comme de la couleur et leurs albums comme des toiles. AprĂšs le sursaut politique d’Hail to the Thief, In Rainbows (la fin de la tĂȘte radio, aliĂ©nĂ©e, le dĂ©but de la tĂȘte radieuse, aurĂ©olĂ©e) et The King of Limbs (le corps arborescent qui ne fait plus qu’un dans le multiple, dansant, nanotechnologique, dans le suprasensible et l’infiniment petit) seront donc pure magie. Song(e)s d’une unitĂ©.

On entend souvent dire que Godrich est « le George Martin de Radiohead ». C’est vrai et pas seulement parce qu’il les a accompagnĂ©s dans de longues sĂ©ances d’expĂ©rimentation, sessions qui rĂ©volutionnĂšrent la pop comme le firent les Beatles (Ă  partir de 1967, arrĂȘtant les concerts, ils s’enfermĂšrent presque Ă  plein temps dans les studios d’Abbey Road pour couper des bandes, les monter Ă  l’envers, etc. et accoucher de Sgt. Pepper’s Lonely Hearts Club Band, The Beatles, Yellow Submarine, Abbey Road, Let It Be : leurs chefs d’Ɠuvres). Ça l’est aussi parce qu’il leur a permis d’arrĂȘter de donner des concerts en chair et en os.

Radiohead a trĂšs tĂŽt eu un rapport compliquĂ© presque conflictuel Ă  son public et Ă  la scĂšne. En tant que groupe rock alternatif pourvu d’un chanteur Ă  voix et d’une capacitĂ© certaine Ă  s’envoler vers un plus large succĂšs, ils ont toujours Ă©voluĂ© avec, au-dessus de leurs tĂȘtes, le reproche latent de rĂ©itĂ©rer l’erreur de U2 : accĂ©der aux stades et prĂȘcher les masses. Tout ça Ă©tait vu comme un signe de compromission, de joujoufication, traitrise Ă  la cause. Et patatra ! MalgrĂ© sa dĂ©tresse, sa rage et sa sophistication Ok Computer est pris comme un gros « Creep ». Ce qu’il est : « the perfect body » & « the perfect soul » tant demandĂ©s.

Le DVD Meeting People is Easy le montre : ayant créé un monstre, un « mal-entendu », cette tournée est un Calvaire : ils pointent la déshumanisation de ce monde et deviennent un juke-box adoré par ce monde, se font dévorer vivants comme Grenouille (Le Parfum). Leur rock épique-leptique se retourne contre eux et leur file la gerbe. Construire un mur entre eux et le public ? Non, parce que ce serait con de se couper tout à fait des gens (crache ton venin / aime ton prochain), ils se remettront en cause, les emmÚneront ailleurs et Godrich finira par trouver « le lieu et la formule » de leur nouvelle incarnation scénique.

En 2006, avec trois producteurs (Dilly Gent, James Chads et John Woollcombe), il lance l’Ă©mission From the Basement. Elle se passe aux studios Maida Vale Ă  Londres. L’idĂ©e ? Filmer de grands groupes en train d’y jouer leurs morceaux mais sans public pour pouvoir les voir dans l’intimitĂ© de leur jeu et de leur alchimie. « A la racine », comme Ă  la maison. Sous-entendu : il n’y a pas de rapport public/artiste qui n’altĂšre la vĂ©ritĂ© de la prestation. LĂ  ce n’est ni du live ni du studio, c’est autre chose, « This is Radiohead live in studio ». Et ça leur va comme un gant, eux dont la musique demande de plus en plus de faire le vide.

Car quels sont les meilleurs concerts que le groupe a rĂ©cemment donnĂ©s ? Ce n’est pas ceux de Bercy oĂč de je ne sais quelle grosse salle dans je ne sais quelle capitale. Non, c’est ceux qu’ils ont livrĂ© depuis leur bulle, en stud’, et qu’on a regardĂ© depuis notre bulle, sur ordi : la prestation filmĂ©e dans leur studio d’Oxford Ă  l’occasion du nouvel an 2007 (Scotch Mist), le Live From The Basement pour la sortie d’In Rainbows (2008) et celui marquant la sortie de The King of Limbs (2011). VoilĂ  les meilleurs concerts qu’ils ont rĂ©cemment « donnĂ©s ». Certains y voient un groupe murĂ© dans son confort bourgeois. Moi un groupe sur la Lune.

LĂ , ils peuvent plus que jamais jouer leurs morceaux du moment, ceux qui les habitent et pas une sorte de best of pour que chacun en ait pour son argent (ce qui est plus ou moins inĂ©vitable Ă  environ 50 € la place). LĂ , il n’y a pas le fan restĂ© scotchĂ© sur Ok Computer qui te donne des envies de meurtre Ă  reprendre le refrain de « Karma Police » & co. Ă  tue-tĂȘte. LĂ , c’est free mais c’est pas la fĂȘte Ă  Neu-Neu. (« Phew, for a minute there, I lost myself, I lost MYSE-E-ELF ! » : tu l’as dit bouffi !). LĂ , ils sont dedans, t’es dedans, dans la bulle, l’aventure intĂ©rieure, l’opĂ©ration subduction. T’immerges tout ton soul in love. Frissons.

LĂ , l’hallu : c’est encore plus fin et puissant que sur le disque, il n’y a plus de frontiĂšres, de coutures, tout feel. LĂ , il y a enfin des camĂ©ras partout et tu vois tes Beatles Ă  l’Ɠuvre t’ouvrir comme une « Lotus Flower ». Oui, tes Beatles, ceux d’aprĂšs le Big Bang de la pop, ceux du Big Crunch de tout ça et qui le traversent et qui se rĂ©inventent toujours sans faute 26 ans aprĂšs leurs dĂ©buts (On A Friday) et 20 ans aprĂšs leur premier album, rock, entriste. Aujourd’hui leur musique n’est plus ni indie-ologique ni mainstream, elle est juste belle, magnifiĂ©e, magnifique. Je l’Ă©coute en boucle pendant que je (video)tape cet article…

VoilĂ  c’est ce mec que j’ai envie de rencontrer, ce mec qui a tellement infiltrĂ© le processus de crĂ©ation de Radiohead et qui est tellement devenu le buddy de crĂ©ation de Thom Yorke qu’on a parfois le sentiment qu’ils forment un groupe dans le groupe. D’ailleurs en 2005 quand le groupe a dĂ©clarĂ© qu’entre Nigel et eux c’Ă©tait devenu « un peu trop confortable » car ils se connaissaient « par cƓur » (Colin, bassiste) et qu’ils ont alors Ă©tĂ© voir ailleurs (Mark Stent), c’Ă©tait un choix de groupe. Thom voulait encore de Nigel. Et Nigel reviendra et tous deux formeront Atoms for Peace pour jouer The Eraser et les dĂ©buts d’In Rainbows.

C’est ce mec que je veux rencontrer, ce Nigel Godrich qui a tellement permis Ă  Radiohead d’ĂȘtre cette chose qu’on appelle Radiohead, qu’il en a mythifiĂ© Thom Yorke. Car comme l’Ă©crit si bien Paul ValĂ©ry dans Tel Quel II un chef d’Ɠuvre est une « merveilleuse machine Ă  faire mesurer toute la distance et la hauteur (…) entre un Moi artificiellement portĂ© Ă  la plus haute puissance et un Moi au zĂ©ro, entre ce qu’il faut pour faire un ouvrage, et ce qui, dans un coup d’Ɠil, un contact, est donnĂ©. » Du coup, par contamination, « celui qui vient de terminer une Ɠuvre tend Ă  se changer en celui capable de faire cette Ɠuvre. Il rĂ©agit Ă  la vue de son Ɠuvre par la production en lui de l’auteur. – Et cet auteur est une fiction. »

Art et travail « ont pour objet de falsifier la spontanĂ©itĂ© et la sĂ©rie. Car la sĂ©rie des coups de l’esprit s’Ă©carte toujours beaucoup de la sĂ©rie espĂ©rĂ©e de coups favorables. On essaie de constituer une heureuse sĂ©rie en multipliant les Ă©preuves. Art et travail s’emploient Ă  constituer un langage que nul homme ne pourrait ni improviser ni soutenir, et l’apparence de couler librement d’une source est donnĂ©e Ă  un discours plus riche, plus rĂ©glĂ©, plus reliĂ© et composĂ© que la nature immĂ©diate n’en peut offrir Ă  personne. C’est Ă  un tel discours que se donne le nom d’inspirĂ©. (…) On appelait Muse cet auteur qui est dans l’auteur. »

Ashcroft a connu cette drogue. A cette Ă©poque il Ă©tait lui aussi le produit d’un rock-buster. Lui aussi au cƓur de cette centrifugeuse super hĂ©rotique. Tellement qu’aux BRIT Awards de 98 Urban Hymnsa tout raflĂ© (meilleur album, groupe et producteur) devant Radiohead (pas assez BRIT sans doute). Mais en solo, il perdra de sa superbe et devra attendre que Chris Martin dĂ©fende son deuxiĂšme album solo (Human Conditions) et le prenne en 2005 sur la scĂšne du Live Aid avec Coldplay le temps d’une reprise de « Bitter Sweet Symphony » pour que les mĂ©dias se rĂ©intĂ©ressent Ă  lui et qu’il se sente (argh) « à nouveau lui-mĂȘme ».

En 2008, Thom Yorke dira tout de cette drogue et de son pĂ©chĂ© Musesque Ă  un journaliste de Mojo. Comme quoi, oui « Le lieu d’oĂč l’on Ă©crit n’est pas celui de la personne ringarde et sans relief qu’on est au quotidien » que « c’est celui qui reste quand tout s’effondre » et que « vu comment on est tous foutus, personne n’a jamais vraiment rĂ©ussi Ă  faire que ce lieu d’oĂč l’on Ă©crit prenne le pas sur tout le reste et Ă©clate au grand jour » mais que « c’est dans la nature humaine de vouloir disparaĂźtre dans quelque chose qui nous dĂ©passe et de tendre donc Ă  croire que tu es quelqu’un de fantastique. » Ce qu’on appelle un gĂ©nie.

Yorke : « J’ai jouĂ© avec le feu et j’assume complĂštement, tout ça – je parle de l’Ă©poque Ok Computer – c’Ă©tait n’importe quoi. En plein morceau, il m’arrivait souvent de me dire que je ne pensais pas un mot de tout ça. J’Ă©tais HS. (…) Mais quand tu Ă©cris ces chansons tu essaies toujours de conjurer le fait que tu n’es qu’un petit merdier ambulant, et c’est peut-ĂȘtre ce qui fait que ces chansons sont bonnes. Tu croques toujours dans une pomme. Et c’est peut-ĂȘtre aussi pour ça que c’est parfois si dur de continuer. Car tu sors un disque, tu te rĂ©veilles, tu recommences Ă  composer quelque chose et tout s’effondre Ă  nouveau. »

Mais en 98, Thom savoure quand mĂȘme son trip, sa traversĂ©e du miroir, il fait le job, ponctue ses fins de morceaux d’un petit « cool ». Il est le new King of Rock, le super hĂ©ro antĂ©christo-occidental et il sait qu’il le doit aussi Ă  Nigel. Ce 18 avril 98 alors qu’ils sont au Radio City Music Hall de New York pour clore le tour et qu’ils s’apprĂȘtent Ă  jouer « Lurgee » (« une chanson sur le fait de se sentir mieux ») en guise de dernier rappel, Thom convoque donc Nigel : « Qu’est-ce qu’il fait ? Nigel, Nigel, Nigel, Nigel ? Ok, vient ici. On voudrait remercier cet ami du fond du cƓur. C’est avec lui qu’on a fait ce disque, Ok Computer… »

A 21 ans, il pestait d’en ĂȘtre rĂ©duit Ă  faire le groom dans le premier studio qui l’avait pris. Il Ă©tait au « bas de l’Ă©chelle », ayant juste l’impression de faire un job comme un autre, mais il s’y accrochait parce qu’il savait, dit-il, qu’il devait en passer par lĂ , qu’un jour, peut-ĂȘtre, il serait « la bonne personne au bon endroit » et qu’il pourrait vraiment faire ce qu’il aime. « We’re accident waiting to happen » & true l’Ɠuvre waits. Cinq ans plus tard, Godrich et sa petite houppette vivent lĂ  une scĂšne d’hystĂ©rie telle qu’aucun producteur n’en a sans doute jamais connu par une foule qui ne sait pas ce qu’elle applaudit. HystĂ©rie.

C’est une scĂšne assez Ă©trange. Primo parce que c’est comme si le poĂšte moderne avouait tout d’un coup que « cette Ɠuvre qu’on dit admirable, qui excite les Ăąmes autour de [lui] » (ValĂ©ry toujours), ce n’est pas lui, son Ăąme, mais une lente fabrication et que deuxio voici le responsable numĂ©ro un de cette supercherie (j’ai agrandi les gosses !). Et donc Godrich se pointe, tout timide, gĂȘnĂ© (l’impression que Thom nous prĂ©sente son dealer), il reçoit son hommage pour eux savent quoi, Thom le hug et on dirait vraiment qu’il disparait dans ses bras comme le petit oiseau sous l’aisselle de l’ogre bĂȘta dans la fameuse pub Kiss Cool.

VoilĂ , Nigel c’est l’airbag qui a sauvĂ© Thom, lui permettant d’exploser son Moi galactique et de libĂ©rer ce monde dans l’homme qui dĂ©finit le poĂšte pour Hugo. Et c’est ce type dont ils n’arrivent plus Ă  se dĂ©faire (on ne largue pas comme ça celle qui vous a mis au monde) que je dĂ©sire rencontrer. C’est Ă  lui que je souhaite causer. Pour qu’il me raconte un peu son rĂŽle dans tout ça, cette odyssĂ©e, ce processus alchimique. Parce qu’il y a des choses que Godrich only knows, je gamberge, je fais des plans sur Nigel. « Une femme derriĂšre chaque grand homme » dit le proverbe (Aristote) : je veux parler Ă  celle de Radiohead.

(SUITE + INTERVIEW.)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

40 réponses
  1. Julie
    Julie dit :

    Vraiment superbe. Je suis entiĂšrement d’accord sur la qualitĂ© des concerts de Radiohead sans public.
    Magnifique Ă©criture, bravo !

  2. Sylvain Fesson
    Sylvain Fesson dit :

    Salut Julie. Merci beaucoup pour ton commentaire surtout que j’avais pas fini l’article quand tu l’as lu. En fait Ă  ce moment-lĂ  je pensais pas qu’il Ă©tait visible sur mon site, et j’Ă©tais encore en train de travailler dessus, de faire les « derniers rĂ©glages ». LĂ  c’est enfin fait et c’est un drĂŽle de soulagement mĂȘlĂ© de satisfaction et d’Ă©reintement donc oui merci beaucoup de m’avoir dit le bien que tu en penses 😉 Mais au fait, comment es-tu tombĂ©e dessus ?

  3. Julie
    Julie dit :

    Bonjour,
    Parlhot.com fait partie de mes sites favoris et j’y vais rĂ©guliĂšrement. Grande fan de Radiohead, j’ai tout de suite Ă©tĂ© intriguĂ©e par ton article sur Nigel Godrich !
    Vivement l’interview !
    TrĂšs belle continuation Ă  toi.

  4. vincent
    vincent dit :

    ouais faudrait voir Ă  arrĂȘter la fumette. pour en dire un peu ton article je le trouve bien chiant car effectivement c’est Ă©crit Ă  la maniĂšre d’une mignone qui Ă©crit en Ă©coutant son groupe prĂ©fĂ©rĂ©.

    j’ai envie de dire oui radiohead s’est comme toi mon groupe prĂ©fĂ©rĂ© et godrich un putain d’arrangeur. mais ce sont surtout ces 6 lĂ  de trĂšs bon marketeux. Alors oui on peut en faire et en tartiner sur radiohead pour au final nous dire quoi , que t’aimerais bien reprendre du carpaccio de saumon et que t’as des chaussures bleues.

    Du pognon c’est ca qu’ils veulent tes gars et faut pas le perdre de vue. tout leur processus crĂ©a est liĂ© au marketing (vente dĂ©matĂ©rialisĂ©e sur internet pour au fianl gangnĂ© plus de pognon que sur une sortie normale). ba oui parce que avant de faire de la zik ba ils faisaient des Ă©tudes de marketing et donc que ca en dit long sur ce qu’ils sont des mecs qui prennent sans doute depuis deux albums leurs fans pour des cons. (ca n’enlĂšve rien au fait que j’aime bien leur deux derniers)

    bref dĂ©solĂ© mais les articles Ă  s’en faire chialer le bas du ventre sur radiohead j’en peu plus.

  5. Sylvain Fesson
    Sylvain Fesson dit :

    T’es inspirĂ© mon gars sauf que bon par endroits ça se tient pas du tout ce que tu dis, je veux dire tu crois vraiment que des mecs intĂ©ressĂ©s surtout par le fric feraient ce genre de musique ? Bon c’est tellement Ă©vident que la question mĂ©rite pas d’ĂȘtre posĂ©e et que toi-mĂȘme tu le sais donc le problĂšme est ailleurs, c’est juste que toi aussi en fait t’as plus rien Ă  fumer, un blocage dans ta mĂ©canique des fluides, ou que tu voudrais parler de tes belles chaussures bleues ou que t’aimes pas les gars qui parlent de leurs Ă©motions comme ça premier degrĂ© sur de la musique parce que genre c’est super impudique (sinon je vois pas !)

  6. Olaf
    Olaf dit :

    Dire qu’ils prennent leurs fans pour des cons sur les deux albums puis rajouter que ces albums on les aime bien, ça fait pas trĂšs sĂ©rieux quand on veut critiquer le systĂšme et les gens qui veulent de l’argent, rien que de l’argent…

    Cet article n’est pas cynique, il est Ă©crit avec passion. Tant mieux. Le cynisme, c’est plus possible…

  7. vincent
    vincent dit :

    non je dis juste qu’il faut remettre les pendules Ă  l’heure sur ce qu’ils sont vraiment, c’est Ă  dire pas seulement un groupe qui a fait et fera peut ĂȘtre de la putain de musique, c’est aussi une machine Ă  fric Ă©norme. si ils Ă©taient vraiment ce qu’ils se disent ĂȘtre, et bien ils feraient des concerts gratos, ne vendraient pas de goodies hors de prix etc…
    Si par essence tu publies un article sur internet en parlant de ce que tu ressens (et c’est trĂšs bien), c’est que tu souhaites Ă  minima Ă©changer et donc subir une critique, sinon pareil je vois pas.

    Ă©crire pour Ă©crire, c’est comme l’art pour l’art ca dĂ©passe pas l’urinoir et c’est pas moi qui le dit c’est Duchamp.

    enfin c’Ă©tait juste pour inciter certaines critiques Ă  se raviser un peu.

    +++

  8. Sylvain Fesson
    Sylvain Fesson dit :

    Mais attends Vincent, personne n’a Ă  se raviser, de la mĂȘme maniĂšre que personne ne t’a interdit de dire ce que tu dis.
    Et heureusement !
    Je n’Ă©cris pas pour dire « voilĂ  ce que je pense et fermez vos gueules maintenant bande de motherfuckers ».
    Ne me fais pas dire ça pour le simple principe de te mĂ©nager une porte de sortie critique quand tu n’en as plus aucune ahahah !
    Je comprends pas ta critique : les mecs devraient faire de la belle musique pour des millions de personnes et carburer au smic ?
    Non mais tu planes ?
    Je pense qu’ils le mĂ©ritent un minimum cet argent.
    Ils donnent de leur personne et tout et s’il y a des gens pour avoir envie d’acheter des goodies, etc. c’est comme ça, personne ne les force Ă  faire cet acte d’achat et c’est pas vraiment ça qui enlaidit l’affaire ni le monde dans lequel on vit hein.

  9. FRANCE Charlyne
    FRANCE Charlyne dit :

    Ton article est intĂ©ressant et plein d’enthousiasme. Bravo Sylvain.
    Des concerts gratos ? Pourquoi, il y a des gens qui travaillent gratos ici? Il faut bien gagner sa croĂ»te et ce n’est pas en vendant de CD qu’ils vont la gagner. Je ne trouve pas que le prix des places soient si cher en comparant avec d’autres spectacles vivants.
    Leur musique n’est pas du tout commerciale et cela reprĂ©sente un Ă©norme risque financier qu’ils assument totalement et pour cela bravo Radiohead, Nigel et merci encore Sylvain.

  10. vincent
    vincent dit :

    je cherche pas une porte de sortie mec !
    je pense juste que la dĂ©marche. « ouech les gars on fait des albums et vous nous donner ce que vous voulez comme tunes » c’est du marketing bien huilĂ©. quand dans des interviews et dans leurs textes on les entend cracher aprĂšs le grand capital…oui ca me fait rire….
    quand tu me dis on ne force pas les gens Ă  acheter des goodies…ba j’ai envie de te dire qu’Ă  se moment lĂ  les vendeurs d’armes c’est pas leur fautes c’est ces cons qui les achĂštent, les narko trafiquant c’est pas leur faute, c’est Ă  ces cons de droguĂ©s qui achĂštent la came etc….

    tu savais q’une partie de ce qu’ils vendent est fabriquĂ© dans des pays ou on exploitent les gens ?
    l’exemple vient d’en haut tu crois pas ?
    Que ces mecs gagnent trĂšs bien leur vie ne me gĂȘne pas, mais qu’ils critiquent et crachent sur un systĂšme qui les fait vivre oui ca me dĂ©range un peu, voir beaucoup car ca s’appelle de la dĂ©magogie et oui je soupçonne ca chez eux.

    c’est le double discours et toute l’ambiguitĂ© de leur dĂ©marche, car ils ont voulu depuis le dĂ©but politiser leur dĂ©marche en toile de fond.

    alors non radiohead n’est pas la cause de tous les maux de notre sociĂ©tĂ©. mais quand on fait la morale on se l’applique d’abord Ă  soit surtout quand on a une rĂ©sonance comme la leur. ce n’est que mon avis et je ne suis pas du genre parano, il ya des faits c’est tout.

  11. Sylvain Fesson
    Sylvain Fesson dit :

    C’est impossible de discuter de maniĂšre constructive avec toi je crois car tu es trop manichĂ©en.
    A t’Ă©couter c’est soir on est un saint soit on est un enculĂ© or c’est pas comme ça que vont les choses de ce monde.
    Être en vie c’est ĂȘtre mouillĂ©, avoir les mains dans le cambouis et faire de sont mieux tout en sachant qu’on sera jamais tout blanc.
    L’important c’est de faire avancer les choses dans le bon sens et d’essayer d’ĂȘtre quelqu’un de bien.
    Et moi j’aime que ce groupe mĂšne sa barque dans ce merdier en mĂ©nageant la chĂšvre et le choux, c’est humain.
    Ils ont jamais dit qu’ils Ă©taient messianiques et au-dessus de tout ça bien au contraire.
    Les dĂ©lires de puristes on sait oĂč ça mĂšne !
    Tu vois ?
    Mais bon voilĂ  maintenant tu vas juste penser que je suis un fan hardcore d’un groupe sectaire et tu vas continuer Ă  taper ton speech…
    C’est ton droit aprĂšs tout.

  12. vincent
    vincent dit :

    ah c’est fout…de ne pas pouvoir juste dire ba ouais entre leur discours et leurs actions et ce qu’ils font rĂ©ellement il y a un monde.
    je ne demande pas Ă  ce que tout le monde soit blanc ou noir et choisisse un quand.
    juste d’ĂȘtre un peu raisonnĂ©. je ne pense absolument que radiohead est un groupe sectaire seulement un peu opportunistes point de vue capitalisme et un peu dĂ©mago….ce qui n’enlĂšve rien Ă  leur musique mais beaucoup Ă  leur message..

    je te laisse Ă  tes considĂ©rations… aprĂšs tout la masturbation n’est pas interdite.

    Bonne soirée

  13. Sylvain Fesson
    Sylvain Fesson dit :

    Oui, si elle l’Ă©tait apparemment tu saurais pas trop quoi faire de tes dix doigts 😉
    Tu trouves qu’ils sont opportunistes et qu’il y a « un monde » entre leurs actes et leurs paroles, je ne trouve pas que ce soit tellement le cas mais bon soit.
    Chacun sa façon de voir le schmilblick.
    Quand on s’expose et qu’on tente des choses c’est comme ça, on est souvent la cible des… irascibles ?
    Ok restons petit bras et ne faisons pas bouger les lignes !
    A bientĂŽt pour une prochaine branlette si ça te dit, ici c’est permis ahaha

  14. CVH
    CVH dit :

    Merci Sylvain pour ce beau papier (virtuel) sur Nigel, une vision juste de sont travail et de sont implication dans cette grande aventure qu’est l’histoire de la crĂ©ation musicale. Un vrai et rare bonheur de lecture sur le sujet.
    Il (le papier) m’a fait remontĂ© des souvenirs anglais : la rencontre de « Spike » (Mark Stent) dans les couloirs d’Olympic Studio de Londres et de notre Ă©coute de dĂ©mos en tĂȘte Ă  tĂȘte dans son (feu) Purple Studio…
    Et, bien sĂ»r, le concert mythique de Vaison La Romaine dans le thĂ©Ăątre antique en mai 2001 avec Nigel qui rejoint le band pendant le final pour jouer du tambourin et un couchĂ© de soleil rouge feu juste derriĂšre la scĂšne…

  15. Sylvain Fesson
    Sylvain Fesson dit :

    HĂ©, merci Christophe, ça me fait un grand plaisir de savoir que tu as pris le temps de lire ça et que tu le prennes aussi pour m’Ă©crire ce petit mot !
    Belle anecdote que celle avec Mark Stent (qu’avez-vous Ă©coutĂ© comme dĂ©mos ?)
    Et sache que je vais continuer Ă  publier des choses sur « cette grande aventure qu’est l’histoire de la crĂ©ation musicale » puisque, comme tu le sais, tu es un des prochains sur la liste des publications Parlhot et que lentement mais sĂ»rement celle-ci avance 😉

  16. CVH
    CVH dit :

    C’Ă©tait pour le dernier album de Christophe (le moins jeune), je voulais qu’il le mixe. Mais son planning Ă©tait « over boocker », donc il nous a prĂ©sentĂ© son bras droit, Ă  savoir : Paul « P Dub » Walton. Mais on a bossĂ© dans son studio…

  17. Sylvain Fesson
    Sylvain Fesson dit :

    D’accord. Moi ils me font sourire ces anglais avec leurs blazes de give-me-five-I’m-a-nigger-I’m-a-jazzman : Mark « Spike Stent », Paul « P Dub » Walton… !

  18. CVH
    CVH dit :

    Ahahaha…….
    C’est Mark « Spike » Stent, car quand il Ă©tait assistant ingĂ© fin des 80’s (minot) le gars de The Mission (un groupe de l’Ă©poque) n’arrivait pas Ă  se souvenir de son nom et que le jeune Mark ayant des « spikes » en guise de cheveux il lui Ă©tait plus simple de l’appeler ainsi.
    AprĂšs, la culture du « nique-name » (ahahah) est vraiment anglo-saxonne et remonte bien avant l’arrivĂ©e des esclaves dans leur nouveau monde…

  19. JM
    JM dit :

    Nigel Godrich, le « George Martin de Radiohead »?!? Tout Ă  fait. Thom Yorke est la rĂ©incarnation de John Lennon et Paul McCartney rĂ©unis. Cet article complaisant confirme non seulement que les Ă©tudiants en lettres modernes (non?) devraient ĂȘtre interdits de clavier mais aussi qu’ĂȘtre fan de Radiohead c’est mourir un peu, Ă  petit feu, confit dans une admiration touchant Ă  l’idĂŽlatrie pure et simple (dĂšs que l’on critique, on est « manichĂ©en »).
    Pour ma part, j’en voudrai toujours Ă  Godrich d’avoir fait perdre son temps (et un album) Ă  Neil Hannon (Regeneration, pas indispensable). Et surtout, SURTOUT d’avoir permis Ă  ce groupe d’incapables involontairement (tragi-)comiques d’accĂ©der Ă  une reconnaissance totalement immĂ©ritĂ©e. Car les Beatles sans George Martin, ça peut donner le Ram de Macca, All things must pass de George. Radiohead sans Godrich est une impossibilitĂ© : Radiohead EST Godrich. Soit pas grand-chose.

  20. Sylvain Fesson
    Sylvain Fesson dit :

    C’est intĂ©ressant ton argumentaire JM : tu commences par dire, si je comprends bien, que Godrich n’arrive pas Ă  la cheville de George Martin, ce qui est sans doute vrai quoi qu’Ă©tant de deux Ă©poques diffĂ©rentes ils font presque des mĂ©tiers diffĂ©rents tellement les outils ont changĂ©, etc, bref et tu finis par dire que « Radiohead EST Godrich ». Alors toi c’est pas manichĂ©en que t’es, mais pleinement paradoxal ! C’est beau. Bon dĂ©rision Ă  part sache que cet article que tu viens de lire, en bonne tartine de type consciencieux (mais qui n’a pas fait Lettres Modernes, du tout), hĂ© bien il aura sa part II. Pas un dĂ©menti mais… tu verras (enfin si tu veux bien voir ça hein).
    A+ ?

  21. JM
    JM dit :

    Je ne vois pas en quoi c’est paradoxal : c’est au contraire d’une totale logique! Je m’explique.
    Godrich n’arrive pas Ă  la cheville de George Martin? C’est sans doute le cas mais ce n’est pas tout Ă  fait ce que je voulais dire (tu as raison : Ă©poque diffĂ©rente, rĂŽles diffĂ©rents).
    Je voulais dire surtout que Radiohead n’arrive pas Ă  la cheville des Beatles! Et que Godrich n’est pas comme George Martin (quasi, parce que les arrangements du quatuor Ă  cordes de Yesterday, ce genre de choses…) uniquement l’assistant « technique » du groupe, celui qui leur permet de concrĂ©tiser leurs idĂ©es (en gros), mais une vĂ©ritable bĂ©quille crĂ©ative. C’est en cela que je dis « Radiohead EST Godrich ». Sans Godrich, Radiohead = peau de balle! Car je ne crois pas que Radiohead, le groupe, ait beaucoup d’idĂ©es Ă  mettre en pratique! Ou alors, de trĂšs mauvaises…
    Et oui, cela m’intĂ©resse toujours de « voir » et de lire ce que les personnes ayant un avis diamĂ©tralement opposĂ© au mien sur ce groupe ont Ă  dire! CuriositĂ© intellectuelle d’un ancien Ă©tudiant en Lettres Modernes (ce n’est pas une blague)!…

  22. Sylvain Fesson
    Sylvain Fesson dit :

    Je trouvais ton point de vue paradoxal dans le sens oĂč tu disais que d’un cĂŽtĂ© Godrich n’Ă©tait pas George Martin, c’est-Ă -dire un cador, et de l’autre que tu lui attribuais tout le mĂ©rite de ce qu’est Radiohead, genre sans lui ils ne seraient rien. Et en gros c’est quand mĂȘme ce que tu dis donc sans Ă©lever le gars au niveau de George Martin tu dis que c’est un « bon » et que le groupe est « mauvais ». Et bien je crois que c’est plus nuancĂ© que ça, voire plutĂŽt l’inverse finalement. Comme je l’avance dans la seconde partie de mon article que je viens de publier « Godrich, fĂ©e du joli », Ă  mon humble avis c’est Radiohead est une rĂ©union de cinq types qui « explosent le cadre » et Godrich est « juste » lĂ  pour « recadrer les choses ». Mais je crois que tu tends naturellement Ă  penser l’inverse car tu ne portes pas vraiment Radiohead dans ton coeur, je me trompe ? 😉

  23. JM
    JM dit :

    Non, tu ne te trompes pas, mais alors pas du tout! Au contraire 🙂 Comment as-tu devinĂ©? « Groupe d’incapables involontairement (tragi-)comiques », peut-ĂȘtre 😉
    Si « Radiohead est une rĂ©union de cinq types qui explosent le cadre », ce doit ĂȘtre celui contenant tout le ridicule du monde!
    Mais ce n’est « que » mon avis.
    Je vais de ce pas lire la seconde partie de ton article…

  24. JM
    JM dit :

    Je compatis, sincĂšrement! Je trouve (en toute humilitĂ©) tes rĂ©actions trĂšs saines face Ă  un dĂ©tracteur aussi acharnĂ© de Tu-Sais-Quoi 🙂 A ce sujet, c’est assez amusant que tu cites dans la suite de cet article un membre de la « communauté » radiohead.fr, au sein de laquelle je me suis fait beaucoup d’amis Ă  l’occasion de la sortie d’In rainbows et de The king of limbs 😉

  25. Sylvain Fesson
    Sylvain Fesson dit :

    C’est sĂ»r qu’avec toue la finesse d’esprit et de jugement que tu possĂšdes tu ne peux que te faire des amis sur un site comme radiohead.fr oĂč je ne sais du coup pas ce que tu comptais faire Ă  part foutre le bordel ou e faire du bien en te faisant du mal.

  26. isatagada
    isatagada dit :

    Hum, je lis les commentaires Ă  prĂ©sent et … nan, rien.
    Je ne veux retenir qu’une seule chose : le passage de CVH chez toi. Et lĂ  je me demande : c’est de lui que te viens AV ? Ou c’est un hasard ? Ou alors un truc du genre « it’s a small world after all » (version française : les grands esprits se rencontrent).

  27. Sylvain Fesson
    Sylvain Fesson dit :

    En fait c’est un peu l’inverse : CVH produit le CD de AV (j’essaie de faire le max de cap lĂ  !) et, sachant cela, j’ai demandĂ© Ă  Adrien d’interCD en ma faveur auprĂšs de Christophe, rapport au fait que je voulais l’interviewer. Donc voilĂ  c’est en rencontrant-sympathisant avec AV que j’ai rencontrĂ©-sympathisĂ© avec CVH. CQFD !

  28. JM
    JM dit :

    « Me faire du bien en me faisant du mal », c’est assez ça 🙂 Je suis le premier Ă  reconnaĂźtre que mon rapport Ă  Radiohead tient un peu de l’obsession… « Foutre le bordel », c’est amusant aussi! Mais j’avoue bien volontiers que c’est trĂšs facile (ils sont tellement obtus!) 😉
    (« Finesse d’esprit et de jugement » : lĂ , clairement, tu te moques de moi mais je ne t’en veux pas!)

  29. JM
    JM dit :

    « Jamais jamais de la vie » me paraĂźt bien rĂ©sumer la situation 🙂 DĂšs Pablo honey (atroce Creep et plus encore ignoble Pop is dead : le titre, dĂ©jĂ … pfff…)! Ok computer rime avec « à la rigueur » mais aussi avec « en changeant de chanteur » et « en changeant de producteur » (pratique, ça!). Je veux dire que certaines compositions tiennent Ă  peu prĂšs la route. Mais je suis dans un bon jour 🙂

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