MENDELSON (1)

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24 avril 2013. 21h. Paris 20e, Le Bouillon St Stef, rue de MĂ©nilmontant. « Écoute, j’crois c’est une premiĂšre dans l’histoire quand mĂȘme, parce que c’est ma troisiĂšme biĂšre, donc j’pense que ce sera la premiĂšre interview oĂč je suis bourrĂ© ! » me dĂ©clare Pascal Bouaziz dans un Ă©clat de rire que je ne lui connaissais pas, asseyant une silhouette bonhomme que je ne lui connaissais pas. Faut dire qu’il s’est Ă©coulĂ© 5 ans entre l’album qui nous rĂ©unit aujourd’hui, Mendelson, attendu le 6 mai, et le prĂ©cĂ©dent, Personne ne le fera pour nous.

A l’Ă©poque, on s’Ă©tait vu Ă  l’Entrepot’s, quelques mĂštres plus bas. Son quatriĂšme album, double, venait de sortir en digital. C’Ă©tait la premiĂšre fois qu’on se rencontrait. Et j’avais senti une grande solitude en cet homme, elle semblait lĂ , au cordeau, dans ce grand corps longiligne, ces sourcils froncĂ©s, ces orbites profondes. Ce cĂŽtĂ© avion furtif. On sentait que cet homme Ă©tait parti hors des radars et qu’il n’en Ă©tait pas encore tout Ă  fait revenu. Il en Ă©tait encore ombragĂ©, convalescent, dans les limbes. Une grande solitude que cet homme.

On sentait surtout une grande force chez lui, qu’il Ă©tait (passĂ©) de l’autre cĂŽtĂ©, qu’il avait ce cĂŽté  Jim « Mort y sonne », mais sobre, laser, bien d’ici. Un porte-avion, insubmersible. Un beau souvenir : on avait bien Ă©changĂ©, un peu grave, sous-marin. Ce Personne c’Ă©tait quelque chose. Mais quand j’ai Ă©coutĂ© ce triple, Mendelson, j’ai eu envie de remettre ça : Ă  cĂŽtĂ©, le double, dĂ©jĂ  bien long et noir d’il y a 5 ans, on aurait dit de la lavasse. Le petit homme en mousse. Je voulais d’un grand entretien qui relĂšgue l’autre au rang de rigolade.

Cinq ans donc. Et toujours dans le coin. Il a failli le quitter. Ces derniĂšres annĂ©es, « comme tout le monde », il est allĂ© Ă  Montreuil, « une belle maison Ă  prix cassĂ©, cĂŽtĂ© Rosny », mais a vite dĂ©chantĂ©, retour Ă  la case dĂ©part, quand le loyer est passĂ© de 1000 Ă  1450 euros CC. Oui, on parle un peu de sa vie, de la vie, du quotidien. Lui ne parle que de ça : des gens. De « que font les gens ? » comme le chante Murat (« Nu dans la crevasse »), seule phrase qu’il me dira sauver de Mustango (sommet et dernier bon de Murat). Un dur cet homme-lĂ .

« je devrais dire : la chanson française c’est de la merde »

 

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Bonjour Pascal. Tu sors donc ton nouvel album, le 5e de Mendelson, un triple dans deux semaines. Tu as déjà commencé à donner des interviews ?

Oui, j’en ai dĂ©jĂ  donnĂ© une Ă  un vieux de la vieille du Nouvel Obs qui s’appelle Bernard Loupias. Mais c’était trĂšs chouette parce qu’il est arrivĂ© avec une approche complĂštement transversal. Il m’a parlĂ© beaucoup de littĂ©rature, de musique contemporaine et de free jazz. Parce que lui, la premiĂšre fois qu’il a entendu parler de nous, c’était par Daunik Lazro et JoĂ«lle LĂ©andre et tout ça. Et j’ai aussi Ă©tĂ© interviewĂ© par Pop News. J’étais sciĂ©, ils me disaient que ça faisait 13 ans qu’ils existent.

C’est vrai que Pop News c’est un peu des pionniers en matiĂšre de site internet sur pop musique. Leur charte graphique en tĂ©moigne. Elle est d’Ă©poque !

C’est pas faux !

A part ton dĂ©mĂ©nagement que s’est-il donc passĂ© de concret et signifiant pour toi depuis la sortie de ton prĂ©cĂ©dent album ? Sa sortie remonte Ă  fin 2007, c’est ça ?

La sortie digitale, oui. Et l’enregistrement c’était 2004, donc il est sorti trĂšs longtemps aprĂšs. Et puis il est sorti en magasin en 2008. A cette Ă©poque j’Ă©tais dĂ©jĂ  sur les textes du nouveau. Et lĂ , j’ai fait l’inverse du prĂ©cĂ©dent. Le prĂ©cĂ©dent, tu te souviens c’était de la musique trĂšs improvisĂ©e, sur laquelle j’avais posĂ© des textes Ă©crits plus ou moins rapidement, qui venaient de pĂ©riodes diffĂ©rentes. LĂ , j’ai pris des textes que j’ai Ă©crits presque entiĂšrement avant de me poser la question de la musique.

Tu n’avais jamais fait ça avant, de prendre les textes comme point d’ancrage des morceaux ?

Si, mais pas Ă  ce point. A une autre Ă©poque j’écrivais des textes et on faisait les musiques avec Olivier (FĂ©joz – nda), le premier mec avec qui j’ai bossĂ©, mais c’était toujours un peu concomitant. LĂ , y’avait que pendant trĂšs longtemps y’avait vraiment que du texte. Et puis on s’est mis Ă  bosser avec Pierre-Yves (Louis – nda). Il a chopĂ© une boite Ă  rythmes un peu par hasard, et on savait pas du tout s’en servir. C’est une boite Ă  rythmes un peu spĂ©ciale, avec des sons de synthĂ©s, et on a commencĂ© Ă  jouer avec, on improvisait comme ça Ă  quatre mains sur la boite Ă  rythmes. Et quand on trouvait un truc qui semblait correspondre aux textes, oĂč j’entendais les phrases sonner, le phrasĂ©, on enregistrait et je posais rapidement les voix. On avançait comme ça, mais chaque fois c’étaient des sortes de mĂ©mos, de croquis. Avec ça, je rĂ©Ă©crivais petit Ă  petit les textes, je les fixais. C’Ă©tait pas mal de boulot. On en a fait une vingtaine. Et aprĂšs on est entrĂ© en studio, on s’est mis tous ensemble dans la mĂȘme piĂšce et l’idĂ©e c’était de prendre ces croquis et leur voix tĂ©moin, d’improviser par-dessus, d’enlever la boĂźte Ă  rythmes et de refaire la voix. Mais finalement on a gardĂ© beaucoup de boĂźte Ă  rythmes parce que je trouvais que ce mĂ©lange Ă©tait vraiment trĂšs intĂ©ressant.

Quand ĂȘtes-vous entrĂ© en studio ? Tu arrives Ă  dater ?

L’enregistrement, c’est 2011. Mais les textes ont Ă©tĂ© trĂšs trĂšs longs Ă  Ă©crire. Les premiers doivent dater de la fin du mixage du prĂ©cĂ©dent album, 2006. Donc tu vois c’est cinq ans d’écriture. GĂ©nĂ©ralement mes textes viennent de plusieurs pĂ©riodes, mais lĂ  ils datent tous de la mĂȘme pĂ©riode, j’ai pas rĂ©utilisĂ© de vieux textes, c’est que des textes qui sont tous venus Ă  peu prĂšs ensemble et que j’ai un peu travaillĂ©s les uns par rapport aux autres. Quand je voulais en laisser reposer un, je me mettais sur un autre. C’est pour ça qu’Ă  mon avis c’est assez cohĂ©rent.

Comme s’il y avait un chapitrage ?

Ouais, c’est presque ça.

Et comment en es-tu arrivé à ce découpage en trois albums ?

Bah quand on a sorti les croquis avec les voix témoins, ça faisait cinq CDs.

Ah ouais ? Donc en plus t’as jetĂ© des trucs…

Ouais, parce que y’a des morceaux qui n’ont pas marchĂ© quand on les a emmenĂ©s en studio, des morceaux que j’adorais, que je voulais absolument sur le disque mais oĂč la boĂźte Ă  rythmes s’avĂ©rait bizarrement arythmique, c’est-Ă -dire qu’on pouvait pas jouer par-dessus, des trucs comme ça. Ou un morceau de 20 min en cinq temps avec des trous, que les batteurs n’arrivaient pas Ă  tenir…

Ton prĂ©cĂ©dent album a-t-il quelque part amenĂ© ce nouveau projet, plein de longs textes, sur trois disques ? Est-ce sa suite naturelle, en plus dĂ©complexĂ© ? Parce que Personne ne le fera pour nous, c’était dĂ©jĂ  un double album, qui comportait de longs morceaux comme « 1983 », qui a plu. T’es-tu donc surpris Ă  voir que ce genre de choses pouvaient plaire ?

Oui. Alors un truc est certain c’est que chaque album est une nouvelle proposition et que naturellement sur les trucs qui marquent et oĂč j’ai le plus de retours, c’est presque bĂȘta Ă  dire, mais je me dis : « Tiens, lĂ  y’a peut-ĂȘtre un truc dont j’étais moins conscient que ce que tout le monde me dit », tu vois ? C’est le truc du mec au bar qui sort un truc et d’un coup les gens Ă©coutent. Il s’en souvient et se dit : « Tiens, les gens Ă©coutent. »

A quels moments t’es-tu donc senti Ă©tonnamment Ă©coutĂ© sur le prĂ©cĂ©dent album ?

Ben par exemple François Gorin a Ă©crit un article (dans TĂ©lĂ©rama – nda) oĂč il parle de l’album et il parle de « Barbara » (« 1983 » – nda) et du sentiment de honte que j’y aborde, et il dit que lĂ  il se passe un truc qu’il n’a jamais entendu ailleurs. C’est le genre de choses qui te fait rĂ©flĂ©chir. En fait, moi avant j’avais un producteur, Vincent, qui avait ce rĂŽle-lĂ . C’est-Ă -dire qu’au tout dĂ©but, j’étais trĂšs jeune donc je savais pas trop qui j’étais. OĂč plutĂŽt je savais pas trop lĂ  oĂč j’étais bon. Et lui il a Ă©tĂ© trĂšs fort, et peut-ĂȘtre aussi trĂšs influent parce qu’il me disait : « Nan mais Ă©coute, ça c’est sympa, mais bon d’autres le font beaucoup mieux que toi, et toi ce que tu fais d’unique c’est ça. » Donc d’un coup ça te libĂšre, bien sĂ»r, tu prend conscience d’un truc et c’est trĂšs intĂ©ressant. Donc il y a eu ça. Mais d’un autre cĂŽtĂ©, Ă  la rĂ©Ă©coute du disque, il y a un truc qui moi m’a dĂ©plu et que personne ne m’a signalĂ© c’est que je prĂ©sente une image trĂšs vulnĂ©rable… Enfin…

Par vulnĂ©rable, tu veux dure que dans la noirceur du propos il restait encore trop d’Ă©motion, que le narrateur c’Ă©tait trop toi ?

Ouais, y’avait un truc qu’Ă©tait bien, qu’il fallait laisser passer, mais j’avais aussi pas trop envie de jouer sur cette corde tu vois ? J’ai vraiment une horreur des gens qui refont sans cesse la mĂȘme chose, mĂȘme s’ils le font trĂšs bien. Moi j’aime beaucoup la chanson française par exemple, mais parmi d’autres choses, justement, y’a autre chose, y’a pas que ça. Mais par exemple, Souchon bon il arrive quand mĂȘme Ă  ĂȘtre sĂ©duisant, mais je me dis : « Merde, quoi. » Ou Cabrel ! Putain, le mec il a une formule, Ă  chaque album les mĂȘmes musiciens, le mĂȘme format, le mĂȘme son de voix, la mĂȘme maniĂšre de chanter, tu te dis : « Putain, merde ! » Alors bien sĂ»r des fois ça marche encore mais
 Ou Murat, Murat tu te dis : « Combien d’albums il va sortir, par an ? »

Oui, par an ! Avec la mĂȘme mollesse


En mĂȘme temps, ça fait longtemps que j’ai pas Ă©coutĂ© mais j’avais plus la curiositĂ© parce que c’est trop systĂ©matique. Et donc moi je voulais pas ça, donc j’ai Ă©tĂ© contre ça. Et puis il y a eu aussi un petit documentaire trĂšs chouette de Guillaume Morel qui s’appelle « Moindre PoĂ©sie« , un joli titre, et je l’ai revu rĂ©cemment parce qu’on en a reparlĂ© (on y entend Pascal Bouaziz raconter son histoire et l’histoire de Mendelson – nda), et Ă  un moment je dis : « Moi, le prochain album sera trĂšs noir. Et trĂšs court. » Bon, j’ai rempli la moitiĂ© du contrat (rires) !

En effet (rires) !

Et ça, ça date de 2008 ou 2009, donc j’Ă©tais dĂ©jĂ  bien parti dans mon truc.

Et finalement t’as fait long parce que en te fixant comme « dogme » de faire un truc trĂšs noir, sans complaisance, t’as mis le doigt sur une mine, c’est ça ?

Oui, peut-ĂȘtre… Ou alors… j’Ă©tais vraiment trĂšs trĂšs dĂ©primĂ© quand le prĂ©cĂ©dent disque n’as pas trouvĂ© de distributeur, de producteur, de partenaire. J’Ă©tais vraiment dans un truc trĂšs trĂšs noir. Et Ă  l’inverse, juste aprĂšs, quand il a commencĂ© Ă  avoir un succĂšs, bon tout relatif, mais pour nous un succĂšs important…

Oui parce que quoi, il s’est vendu Ă  5000 exemplaires, c’est ça ?

Oui.

C’est pas mal.

Oui, c’est presque autant que le dernier Jane Birkin (Enfants d’hiver – nda) donc…

Ça a trouvĂ© son public, ça a rĂ©pondu Ă  quelque chose qui n’existait pas.

Donc la rencontre de ce truc trĂšs noir et de ce succĂšs, ça te libĂšre, mais tu restes dans quand mĂȘme cette humeur noire. C’est ça le truc.

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Et qu’est-ce que ça t’a fait en tant que musicien de te confronter d’abord aux textes Ă  ce point ? Parce qu’en France quand on fait du rock ou de la pop, par tradition anglo-saxonne de la chose, c’est mal vu de commencer par le texte, c’est faire son petit français qui met la musique au service du texte, sĂ©pare le son du sens. LĂ  l’idĂ©e c’Ă©tait de lever ce tabou, de dire : « Bah non, moi je prends les textes d’abord et fuck » ?

Bah moi, je suis pas un mĂ©lodiste dĂ©jĂ …

Oui, mais est-ce que tu t’es dit qu’il y avait un truc Ă  faire lĂ -dedans, que justement c’Ă©tait comme un tabou, un terrain en friche ?

Ah oui, euh… (Silence) En France, en France, moi les choses qui me touchent et qui me touchent depuis toujours, c’est les textes. Barbara, Brigitte Fontaine, LĂ©o FerrĂ©, Michel Cloup : c’est des gens qui ne peuvent pas se supporter Ă©crivant n’importe quoi. Et donc ils sont trĂšs exigeants. Et moi c’est ça qui me fait de l’effet. Une belle mĂ©lodie, je m’en fous complĂštement ! Des mĂ©lodies, j’ai l’impression que les gens en pissent au kilomĂštre, on s’en fout, ils peuvent chanter en anglais, en turc…

Oui, c’est le rĂšgne de la marchandisation de la pop devenu jingle pub, de la mĂ©lodie gĂ©nĂ©rateur de temps de cerveau disponible.

Oui, exactement. Avec la mĂ©lodie tout le monde sifflote, tout le monde oublie qu’il est misĂ©rable (rires) ! Moi, c’est pas du tout mon truc.

Oui, j’ai vu (rires) !

Donc y’a ça, et puis y’a peut-ĂȘtre aussi le fait qu’on m’avait commandĂ© quelque chose pour le projet un peu hybride Fantaisie LittĂ©raire (chroniquĂ© Ă  l’Ă©poque sur Parlhot – nda), oĂč lĂ  j’Ă©tais parti d’un texte d’Olivia Rosenthal, j’avais presque remontĂ© le bouquin entier pour en extraire que 15 minutes et lĂ , du coup, c’Ă©tait vraiment le texte et des bruits. Et je trouvais que c’Ă©tait assez fort. Enfin pour moi, Ă  le faire et Ă  l’entendre, y’avait vraiment un truc qui Ă©tait…

Du plaisir ?

Peut-ĂȘtre. Mais mĂȘme Ă  l’Ă©coute, il s’en dĂ©gageait un truc trĂšs libre dans le ton. Donc c’est lĂ  peut-ĂȘtre que je me suis dit : « Tiens, y’a un truc. » Mais d’une maniĂšre gĂ©nĂ©rale, si y’a pas un texte, c’est mĂȘme pas la peine. A la limite, le seul qui me fait me dire : « Tiens, si y’a pas un texte, j’Ă©coute quand mĂȘme », c’est Wyatt (interviewĂ© par mes soins ici – nda)…

Parce que son chant semble si extraterrestre, que c’est une Ă©criture en soi…

Oui, oui, il peut chanter n’importe quoi.

C’est marrant car quand j’Ă©tais en plein lobbying pour tenter d’Ă©crire quelque chose sur ton nouvel album dans Gonzai magazine, et avant que Thomas ne finisse par dĂ©finitivement dĂ©cliner mon offre au motif que « c’est vraiment trop inĂ©coutable sur la longueur », il me disait que pour lui c’Ă©tait « une sorte de Metal Machine Music de la chanson française »

Ouais…

Et je trouvais sa comparaison intĂ©ressante parce que je la trouvais Ă  la fois fausse et vraie : fausse dans le sens oĂč sur ce disque de Lou Reed il n’y a pas de texte, que de la guitare qui parle, et bruisse comme un long dĂ©rushage, et vraie dans le sens oĂč en fait chez toi on pourrait presque dire que c’est le texte qui tient ce rĂŽle fleuve, « pysché », mais au niveau des mots, de la pensĂ©e cette fois, comme si tu assumais et avais compris que nous notre guitare, si on veut partir en vrille, faire sauter le caisson, c’est le langage…

Ouais…

Donc tu fais des soli de mots…

Ouais. Ouais, ouais…

C’est lĂ  qu’on peut ĂȘtre « rock ».

C’est lĂ  qu’on est fort, oui, c’est lĂ  qu’on est puissant. Ouais, c’est sĂ»r. C’est pas faux que, si on veut s’aligner sur les amĂ©ricains niveau guitare, on a 30 ans de retard.

C’est une cause perdue, un faux combat.

Ouais. Mais bon, ceci dit y’a quand mĂȘme de la guitare dans l’album. Y’a quand mĂȘme de la musique.

Ouais. Bien sĂ»r. Y’a mĂȘme un sacrĂ© travail d’ambiance…

Oui, y’a des ambiances, on pousse les trucs, on va chercher…

Par exemple l’atmosphĂšre de « Ville nouvelle » dĂ©veloppe un truc spectral malsain dur Ă  supporter ! Un truc paranormal entre le vertige d’angoisse et le voyage astral…

Ouais, ouais…

Comment vous faites pour crĂ©er quelque chose de si fin et abstrait ? Vous parlez ensemble de l’ambiance qui irait bien sur tel et tel texte ou vous vous laissez vraiment aller Ă  improviser, vierge de tout, sur les croquis et la voix tĂ©moin ?

Aucune indications, c’est ça qu’est bien avec ce groupe hein… Bon, je sais pas si ça va durer mais aujourd’hui, on est dans la mĂȘme piĂšce, on lance le truc, tout le monde joue, y’a aucune indication et on a des moments magiques. J’avais dĂ©jĂ  vĂ©cu des moments un peu magiques – je dĂ©teste dire « un peu » comme tout le monde – par exemple sur « La Honte » sur le prĂ©cĂ©dent disque. Personne n’avait jamais jouĂ© la musique ni entendu le texte, je ne l’avais jamais chantĂ© et je savais pas ce que j’allais jouer. On se lance, « record », et ça marche. Et lĂ  tu te dis que y’a quand mĂȘme un truc assez fort…

Qu’il vaut mieux pas analyser !

Pas analyser et surtout pas retoucher. Faut pas se dire : « Tiens, elle Ă©tait pas mal celle-lĂ , y’a qu’Ă  essayer de la refaire. » Non, non, non, laisse tomber, on va plutĂŽt bosser sur ce morceau. « Ah oui, mais c’est un peu faux Ă  cet endroit. » On s’en fout (rires) ! Donc y’a des moments qui sont trĂšs surprenants. C’est comme sur « Les Heures »

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Oui, attardons nous un peu sur « Les Heures ». Parce que ton nouvel album n’Ă©tonne pas seulement par sa nature de triple album comportant des morceaux de 12 minutes, il l’est aussi parce que son CD2 ne comporte qu’un morceau de plus de 54 minutes. Tu cherches Ă  entrer dans le Guinness Book des Records ou quoi ?!

Écoute, j’espĂ©rais (sourire mutin – nda) et puis j’ai vu que les Flaming Lips ont fait un morceau de 6h. Ils ont mĂȘme fait un morceau de 24h donc non. Mais, c’est pas parti aussi bĂȘtement que l’envie de gagner un concours, non, c’est vraiment parti du personnage de la chanson « Monsieur », sur le deuxiĂšme album (Quelque part, sorti en 2001 – nda), je savais pas ce qu’il Ă©tait devenu et il me restait en tĂȘte, et voilĂ  j’ai refrappĂ© Ă  sa porte et c’est pour ça que je commence par « Tu crois que tu te souviens de moi ? ». C’est parti comme ça. Et c’Ă©tait surprenant, mĂȘme pour moi parce que…

Tu te fais littéralement happer dans ces moments-là ?

Oui, tu plonges et puis ça fonctionne aussi par association d’idĂ©es, et ça n’en finit pas. Et j’ai beaucoup coupĂ© encore. J’ai beaucoup coupĂ© parce qu’il faut savoir couper, c’est le plus dur. C’est la seule rĂšgle de Faulkner lĂ , c’est : « Kill your darlings », « Tue tes petites chĂ©ries ». Et c’est le plus dur, parce que des fois la petite chĂ©rie c’est la phrase qui a dĂ©clenchĂ© tout le texte, c’est le truc qui te fait le plus plaisir mais c’est peut-ĂȘtre pas forcĂ©ment le truc le plus important; Peut-ĂȘtre que tu te fais plaisir et qu’en te faisant plaisir tu casses le truc…

Et lĂ , maintenant que t’as fini cet album, tu arrives Ă  avoir un regard extĂ©rieur sur ce que tu viens de faire, tu as la satisfaction du produit fini ?

Non, pour l’instant je suis plutĂŽt dans le mode un peu stupĂ©fait qu’on ait rĂ©ussi. On a tellement luttĂ© sur certaines chansons, notamment sur « Une seconde vie »… Avec le mec avec qui on a fait l’album et le mixage, on a dĂ» la reprendre 4 fois depuis le dĂ©but avant de la rĂ©ussir.

Et comme les morceaux sont trĂšs longs ça doit ĂȘtre usant de tout reprendre x fois depuis le dĂ©but…

Ouais, lĂ  tu remets tout Ă  plat et c’est trĂšs trĂšs long. Mais dans « Une Seconde Vie » y’avait un truc qui Ă©tait beaucoup plus difficile que dans « Les Heures » – du moins il me semble – c’est que y’avait une grosse pression acoustique, presque physique, et c’Ă©tait dur de pas perdre le texte et que les deux fassent sens ensembles. Donc moi pour l’instant je suis plutĂŽt satisfait, je suis dans le truc : « On y est arrivĂ©. » Et ça marche encore, j’Ă©coute les morceaux et je suis encore surpris, je me dis : « Oh, ça, c’est pas mal ça. » Donc je suis un peu comme un gamin Ă  dire : « Ah, on est bon ! Il est beau mon disque ! » (rires)

Et comment fais-tu pour mémoriser des textes aussi longs ?!

Pour la plupart des textes, j’ai pas de problĂšme. J’ai mĂȘme appris le texte de 15 minutes d’ « Une Seconde vie ». Y’a que pour « Les Heures » que j’y arrive pas.

Tu les apprends comme un acteur apprend son texte ?

Oui, par cƓur comme les poĂ©sies Ă  l’Ă©cole hein.

Oui, sauf que toi c’est pas rimĂ© et c’est plus long !

Les acteurs, leurs textes sont plus longs et ils y arrivent. Je prends le temps qu’il faut, mais « Les Heures » j’y arrive pas. Comment on dit en anglais pour « le flot de pensĂ©e » ?

Le stream of consciousness ?

Oui, voilà, exactement. Et donc ce stream of consciousness là, je peux en enchaßner les 10 premiÚres minutes mais aprÚs je rentre vraiment dans le texte et ça pars ailleurs.

Tu improvises ?

Je perds le truc et je fais un autre raccourci, tu vois ? Je peux pas respecter le truc. Pour le respecter vraiment, Ă  mon avis, faut ĂȘtre un acteur et avoir beaucoup plus… Enfin j’ai dĂ©jĂ  pas mal d’usage mais lĂ  j’y arrive pas. Donc sur scĂšne on trouvera une idĂ©e. Mais bon j’ai dĂ©jĂ  vu des concerts navrants avec des chanteurs qui chantaient des chansons de 3 minutes avec des prompteurs et ça dĂ©rangeait personne.

J’en ai vu aussi ! Et pour ce qui est du placement de la voix, pour cet album tu as essayĂ© plusieurs trucs pour ne pas tomber dans un truc slamĂ© ou Ă  cĂŽtĂ© de la plaque au niveau de l’Ă©motion ?

Bon, dĂ©jĂ  je commence Ă  avoir un peu – pas un peu – je commence Ă  avoir pas mal de bouteille, je sais ce que je peux faire et Ă  quel moment ça bascule dans un truc un peu pas terrible. (Tu enlĂšveras tous les « un peu », s’il te plait. Je supporte pas ça ! C’est insupportable, c’est un tic de France Culture, j’ai envie de les assassiner quand je l’entends et moi je me retrouve Ă  l’utiliser aussi. C’est horrible.) Donc presque naturellement j’entends ce qu’on a trouvĂ© avec Pierre-Yves, je sais quel texte je vais mettre dessus, je sais spontanĂ©ment que ça va marcher. AprĂšs je le fais, et je le fais pas 4 fois. Si j’arrive au bout c’est que ça suffit. Et si je trouve un ton intĂ©rieur qui correspond Ă  la musique et au texte, et qui est fluide et qui est vraiment fidĂšle au texte, qui tire pas le texte ailleurs, je sais que c’est bon. Donc gĂ©nĂ©ralement, je le fais au bout de… je sais pas, si tu lances record, je commence et au bout de 30 secondes je dis : « Nan, allez on s’arrĂȘte. » Mais c’est vrai que la plupart des prises voix de studio sont bien meilleures que les voix tĂ©moins quand mĂȘme. Le fait d’Ă©couter beaucoup les voix tĂ©moins pour bosser, pour jouer dessus, pour enregistrer fait que quand tu fais la vraie prise bah y’en n’a pas eu 15 millions quoi. La vraie prise elle va se souvenir de toutes les idĂ©es que tu as eu… Mais je pense que y’a que moi qui l’entend. Mais Ă  la limite c’est moi le plus important.

On est toujours son premier auditeur.

Oui et je pense que j’entends l’Ă©cueil beaucoup plus vite que les autres. Parce que lĂ  oĂč ils vont mettre 3 ou 4 Ă©coutes Ă  se dire : « LĂ  y’a un truc qu’est pas bien », moi je vais l’entendre tout de suite.

tof lui vu de haut

Tu parlais du stream of consciousness. Cette expression m’est prĂ©cisĂ©ment venue en Ă©coutant l’album car j’ai eu la forte impression que c’Ă©tait comme une coupe transversale d’une certain Ă©tat de la France d’aujourd’hui que tu mets Ă  jour comme le gros dĂ©rushage d’un malaise ambiant, que tu le rendais visible…

Oui, oui.

Tu te le formules un peu comme ça ?

Bah, hum…

Le malaise des classes moyennes, une sorte de France d’en bas et de force du bad qui serait un peu partout !

Bah moi je me dĂ©fends d’avoir un quelconque discours militant…

Oui, pas militant…

Mais j’ai le souci de ne pas, non plus, euh… Encore une fois je reviens Ă  ce qui me plait moi, ce qui me touche, c’est « Comme Ă  la radio », c’est « Il n’y a plus rien », c’est… Dans « Comme Ă  la radio », Brigitte Fontaine fait une coupe de l’annĂ©e 68, avant que ça Ă©choue et d’un coup elle trace la ligne, elle dit : « VoilĂ , il fait froid dans le monde. » Y’a des feux qui s’allument partout mais il fait froid dans le monde. Je… De toute façon quand on Ă©crit beaucoup et qu’on a le souci de pas Ă©crire des bluettes ou des chansons d’amour, enfin moi en tous cas c’est mon souci, ça transpire, et moi je l’accueille alors voilĂ . Et puis je lis beaucoup de choses, qui n’excluent pas la vie telle qu’elle est, tu vois ? Je veux dire… Enfin, je lis tout donc… Mais bon, depuis le dĂ©but j’ai… C’est pas une volontĂ©, c’est pas un truc…

C’est de parler de ce qui reste, de ce qui est important…

C’est pas une volontĂ© mais j’ai l’impression que y’a peu de gens qui le font. C’est pas un discours social ni sociologique parce que la chanson engagĂ©e est navrante, je suis loin de penser comme les BĂ©ruriers Noirs. Je suis pas du tout dans ce truc-lĂ  mais…

A quoi ressemble la vie des gens aujourd’hui ?

VoilĂ , quoi, la vie normale, la vie des gens, Ă  quoi ça correspond ? Par exemple, moi, je prends le mĂ©tro, 2h par jour, et je suis abĂźmĂ© par la mĂȘme chose donc je le ressens trĂšs fort et comme je le ressens trĂšs fort ça transpire et puis je l’exclue pas.

Ouais et ça te fait du bien de sortir ce genre de choses ?

Quand je le trouve, quand, comme dans « Ville nouvelle », je trouve une maniĂšre de raconter une histoire – je me mĂ©fiais beaucoup d’innover parce qu’on a l’impression d’ĂȘtre dĂ©jĂ  passer par lĂ  – mais j’Ă©tais tellement happer par cette femme que je pouvais plus m’en dĂ©tacher et je pouvais pas ne pas mener le truc au bout. Je le lui devais, tu vois ? Je m’attache beaucoup aux personnages des chansons.

Je vois ça puisque certains reviennent frapper Ă  ta porte. Y’en a d’autres d’ailleurs qui sont revenus te voir et qui figurent dans cet album ?

Euh…

Qui reviennent te voir comme un médecin qui reçoit des patients !

(Rires) Non, alors la femme de « Ville nouvelle » elle est nouvelle, je la connaissais pas avant. « Monsieur » est revenu. Probablement que le narrateur de « Pinto » reviendra. Je sais pas dans quel Ă©tat, le pauvre. Et puis aprĂšs y’a tous les alter ego beaucoup plus Ă©vidents qui reviennent : le personnage qui chante « Katherine Hepburn », celui qui chante aussi « Une seconde vie », tu vois y’a des…

Y’a des manteaux comme ça ?

Oui, c’est Kundera qui dit qu’on n’Ă©crit jamais qu’Ă  partir de possibilitĂ©s d’ĂȘtre.

Il y a une sorte de panthéisme du narrateur ?

VoilĂ , c’est ça, donc je peux ĂȘtre trous les personnages et je suis tous les personnages, tous les narrateurs des chansons Ă  des moments.

Il est fort Kundera…

Oui, mais lui il a poussĂ© le truc plus loin, maintenant il fait presque l’histoire des gestes. Ça c’est un truc qui m’a marquĂ© : il fait l’histoire des gestes. Finalement les hommes c’est rien, mais les gestes, voilĂ  ce qui reste. Dans un de ses romans, je sais plus lequel (L’ImmortalitĂ©, sorti en 1990), il voit une vieille dame qui prend un cours Ă  la piscine et qui fait un geste de toute petite fille Ă  son maĂźtre-nageur, enfin pas de toute petite fille, de prĂ©-ado, et il se dit : « Ce geste, d’oĂč il vient ? Il est beaucoup plus jeune qu’elle et en mĂȘme temps il est beaucoup plus vieux. » Moi c’est un truc que je vois beaucoup. Tout le monde dit que chaque ĂȘtre est unique. Mais moi je crois pas que les gens soient uniques (rires) ! Je crois qu’on est trĂšs banal !

On est que traversĂ© par des trucs ancestraux qui nous gouvernent…

Oui, et ça c’est un truc que j’ai pas encore explorĂ©.

Il y a un truc presque chamanique dans le fait d’ĂȘtre peuplĂ© de personnages inspirĂ©s du quotidien, qui viennent frapper Ă  ta porte et que tu libĂšres par flux de pensĂ©e…

Oui, je pense pas qu’il y ait un Ă©crivain qui puisse s’isoler du monde pour Ă©crire. Tout le monde dit : « On s’isole du monde pour Ă©crire », mais ça c’est dans un deuxiĂšme temps. Moi je peux pas Ă©crire si je ne me rends pas disponible. Alors toi tu dis chamane mais..

Toi tu dirais Ă©ponge ?

VoilĂ , Ă©ponge ! Notamment par les films, les lectures, les rencontres, et c’est aussi pour ça que tout ça prend beaucoup de temps. Quand on n’est pas dans la rĂ©pĂ©tition de ce qu’on a dĂ©jĂ  fait on est obligĂ© de laisser du temps pour se laisser nourrir sinon on fait effectivement la mĂȘme chanson, continuellement, avec les mĂȘmes mots. LĂ , par exemple, je lisais dans un article : « Nan mais lĂ  Kent il a tout bouleversĂ©, il a tout rĂ©volutionnĂ©… »

Son dernier album est beau (Le Temps des Ăąmes, sorti en 2013)…

Je l’ai pas Ă©coutĂ© (rires) ! Mais le mec fini son truc en disant : « C’est un piano-voix. » Tu me dis que ça rĂ©volutionne tout, que ça bouleverse tout alors que c’est un piano-voix ! C’est bon, la rĂ©volution elle est cheap quand mĂȘme (rires) !

Mais toi, tu aimes quand mĂȘme la chanson française Ă  texte.

J’aime entre autres choses la chanson française. Je prĂ©cise parce que je suis presque dans un registre oĂč je devrais tenir un discours inverse. Je devrais dire : « La chanson française c’est de la merde. »

Parce qu’il n’y a pas si souvent de la bonne « chanson française » donc ce qu’on entend par lĂ  est souvent mal connotĂ©.

Oui, et puis quand on est dans une dĂ©marche un peu difficile, diffĂ©rente, dire qu’on aime la chanson française c’est comme si on trahissait la cause. Mais moi j’aime Joe Dassin par exemple. Joe Dassin me bouleverse. Et il Ă©crit pas ses paroles et il a un costume ridicule donc ça fait beaucoup hein. Mais quand il chante j’entends qu’il comprend ce qu’il dit, et c’est beaucoup. Excuse-moi j’ai oubliĂ© ta question.

C’est normal, je ne te l’aie pas posĂ©e ! Je me demandais si justement Ă  un moment, quand tu as fait ce disque, tu avais ce sentiment que la chanson française n’avançait plus et que tu aimerais la faire avancer ?

Ah oui, ah oui. Bah c’est un rĂȘve du premier album ça (L’Avenir est devant, sorti en 1997 – nda).

Conjurer cette sorte de « fin de l’histoire » de la chanson française ?

Oui, peut-ĂȘtre oui, mais moi en Ă©crivant ce premier album j’avais l’impression – et j’en Ă©tais loin pourtant – d’ĂȘtre rĂ©volutionnaire. D’une maniĂšre trĂšs fine, trĂšs bizarre, trĂšs Ă  cĂŽtĂ© de la plaque. Mais dans l’Ă©criture, dĂ©jĂ , j’avais l’impression que voilĂ  c’Ă©tait bon, on pourrait plus Ă©crire comme avant aprĂšs ça, tu vois ?

AprÚs moi, le déluge ?!

Ou aprĂšs moi, une nouvelle vie quoi.

Que des toi !

Par exemple (rires) ! Mais je voyais bien qu’Ă  l’Ă©poque avec Diabologum et Dominique A, comme on partageait le mĂȘme label (Lithium, 1991 – 2004 – nda), y’avait un truc musical qui se passait et que j’en faisais partie. Y’avait d’autres qui allumaient des feux, comme dit Brigitte Fontaine. Maintenant, j’ai plus tellement cette impression.

Mais justement, Diabologum n’est plus, le dernier Dominique A est bien mais pas rĂ©volutionnaire et Bashung est mort. Est-ce que toi Ă  un moment tu te dis pas que ça ronronne ?

Non, je me dis pas ça comme ça, je peux pas, je me dis pas : « Tiens, faudrait que je foute un coup de pied dans la fourmiliÚre »

Mais tu le fous quand mĂȘme.

Oui, mais alors ça c’est… (Silence.) Y’a une partie qui est assumĂ©e, totalement, et y’a une partie qui est… Purement du plaisir, c’est : « Qu’est-ce qui va se passer ? Qu’est-ce qu’on va trouver ? Ah, lĂ , on n’a jamais fait ! » Surtout : « LĂ , on n’a jamais fait. »

Un kif d’explorateur ?

Oui, oui, un truc de : « Ah, tiens, merde, qu’est-ce qui va se passer ? » Alors que si j’Ă©tais lĂ  en train de me dire : « Bon, j’ai ma guitare classique Ă  la maison, mon texte, alors Leonard Cohen il fait comme ça, Dylan il fait comme ça, j’ai qu’Ă  faire entre les deux… »

Tu te demandes donc ce qui s’est pas fait, ce qu’on peut encore oser faire.

Oui.

(SUITE.)

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 Photos par Johanne Chabal du site Bruitalize Me

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