Jean-Louis Murat : Babel (2)

17 septembre 2014. 16h35. HĂŽtel Jardin du Marais. Paris 11e. Nous sommes toujours attablĂ©s en terrasse Jean-Louis et moi pour la parution de Babel, son 16e album studio qui fait suite Ă  son Tobbogan de 2013 et, aprĂšs des dĂ©buts difficiles, la discussion va bon train. Il me parlait de GĂŒnther Anders pour L’Obsolescence de l’homme – Sur l’ñme Ă  l’époque de la deuxiĂšme rĂ©volution industrielle, premier tome de son livre-phare sortie en 2002 chez Fario, « un tout petit Ă©diteur ». Pour en revenir Ă  son disque, dernier conseil appuyĂ© d’une petite tape sur la joue avant de repartir pour l’Auvergne, il se rappellera que pendant sa composition il lisait beaucoup Vivre et penser comme des porcs de Gilles ChĂątelet. Et d’ailleurs, ce Babel, que vaut-il ? Est-ce un bon cru comme on l’entend souvent vulgairement dire dans la presse ?

Comme je l’ai dĂ©jĂ  dit Ă  l’occasion de la sortie de Grand LiĂšvre en 2011, en un sens pour moi tous ses bons crus sont derriĂšre lui. Depuis Mustango, Murat en a fini de sa grande ascension artistique, alchimique. C’est son grand Ɠuvre et dĂšs lors son legs et semence ont Ă©tĂ© donnĂ©s. Depuis il continue mais qui cela fait-il encore bander ? Allez, si on est gentil (et lĂ  peut-ĂȘtre vais-je une nouvelle fois radoter) on peut dire que Le Moujik et sa femme, successeur dudit Mustango, est encore un bon album, il y subsiste un certain parfum d’inspiration, mais en aucun cas l’inclure Ă  sa grande poussĂ©e de sĂšve des annĂ©es 90. Ensuite il est petit Ă  petit devenu cette grand-mĂšre dont il a dit qu’elle n’arrĂȘtait pas de fredonner en gardant son troupeau, inventant librement des airs. Bref dans mon souvenir Babel est dispensable.

Attention, encore une fois, comme ceux qui l’ont prĂ©cĂ©dĂ©, je ne dis pas que ce double albumest mauvais, il est mĂȘme plutĂŽt bon, bon parce que notre Â« loner Â» hexagonal est notamment allĂ© chercher du sang neuf en collaborant avec un vrai groupe, dynamique Ă  succĂšs qui Ă©tait dĂ©jĂ  au cƓur de Mustango, mais lĂ  ce n’est pas avec Calexico et Ă  Tucson qu’il a travaillĂ©, c’est prĂšs de chez lui avec The Delano Orchestra, sextet local formĂ© d’Alexandre Rochon (guitare acoustique, banjo), Matthieu Lopez (gratte Ă©lectrique), ClĂ©ment Chevrier (basse, claviers), Christophe Pie (batterie), Julien Quinet (trompette) et Guillaume Bongiraud (violoncelle). Non, je dis juste qu’il est littĂ©ralement anecdotique. Un album de plus, poĂ©tiquement bof, pas sidĂ©rant. Alors mon gars, tu nous prendrais pour des vaches ?

Ben non, bien sĂ»r, il fait ce qu’il peut Murat. Tous les artistes ne peuvent pas rester x annĂ©es dans leur « prime » et enchainer les albums mĂ©morables. Mais bon. Je me permets de noter une chose Ă  la lueur de cet entretien. Chez lui Jean-Louis se fait railler par les paysans, en gros les mecs le traitent de fiotte. Et quand il vient Ă  Paris, en ville, en promo il se fait un plaisir. Il joue le tough guy, le rural. C’est Ă  notre tour d’ĂȘtre des chochottes quoi. Ce qui m’amĂšne Ă  cette hypothĂšse concernant la fin de son Ăąge d’or. C’est comme si jusqu’aux annĂ©es il avait jouĂ© la « win », essayĂ© de baiser la ville, hommes et femmes, et qu’à un moment donnĂ© il s’était retirĂ©, se contentant du public qui voulait bien rester alors que doucement les lumiĂšres s’étaient Ă©teintes et qu’il restait des paysans accoudĂ©s au zinc.

« Houellebecq c’est du foutage de gueule, de l’anti-poĂ©sie »

A propos de nature humaine et de nature tout court, en écoutant ton nouvel album je me suis fait cette réflexion que tu parlais de moins en moins de nature humaine et de plus en plus de la nature


(Sourire). Bah y’a de ça un peu, ouais. Je dis tout le temps – c’est le slogan des nouveaux verts quĂ©bĂ©cois – « Sauve un arbre, tue un castor Â». VoilĂ , ça se mord la queue (rires) ! On sait plus quoi prĂ©server donc il faut un peu revenir Ă  soi et essayer de prĂ©server les Ă©motions…

Soi, l’entourage, le local


VoilĂ , du coup dans ce sens-lĂ  Anders est trĂšs proche de Nietzsche : il faut gĂ©rer sa proximitĂ©. Il n’y a pas d’autre issue : chacun gĂšre sa proximitĂ©. Donc il arrive Ă  des idĂ©es presque Ă©colos. Parce qu’il prĂŽne quasiment une sorte d’autonomie, ce qui est la nouvelle idĂ©e des Ă©colos. C’est trĂšs, trĂšs Ă©tonnant ça. Ce qui est Ă©tonnant aussi c’est qu’il fait figurer dans son bouquin des lettres qu’il a Ă©crites pour le fils d’Eichmann et qu’il ne lui a jamais envoyĂ©es. Tu sais Eichmann, dont Hannah Arendt, assistant Ă  son procĂšs, a tirĂ© sa thĂ©orie sur la banalitĂ© du mal. Et donc lui il s’inscrit sur un autre plan lorsqu’il Ă©crit au fils d’Eichmann lui en disant : « T’y es pour rien. » D’ailleurs aprĂšs il devient trĂšs pote avec le mec qui a lĂąchĂ© la bombe atomique sur Hiroshima. Et il correspond avec lui. Donc il rĂ©flĂ©chit trĂšs efficacement sur l’idĂ©e du mal. Anders c’est quand mĂȘme le feuj persĂ©cutĂ© qu’a plus de famille. C’est admirable, admirable d’humanitĂ© et de simplicitĂ©. Je suis trĂšs content d’avoir trouvĂ© ça, j’en ai pour 4-5 ans.

C’est super de tomber sur des mines comme ça


Oui, merci Ă  Onfray d’en avoir parlĂ©. Reconnaissance Ă©ternelle, quoi. MĂȘme si des fois il est Ă©nervant. Ecouter la radio, tomber d’un coup lĂ -dessus, commander le livre et plonger dedans, oublier le commentaire
 C’est super de pouvoir faire dĂ©couvrir ça Ă  des mecs qu’ont pas fait d’Ă©tudes comme moi. Soudainement je me dis : « Chouette, je vais passer des annĂ©es avec GĂŒnther Anders Â». J’ai envie de lui baiser les pieds au mec quoi (soupir).

Ouais, ça fait du bien…

CarrĂ©ment. Ce que tu sens confusĂ©ment comme un mal ĂȘtre, d’un coup tu vois que ça repose sur des idĂ©es, que ça s’explique et que tu peux trouver une façon de t’en sortir, de comprendre. Essayer de comprendre « ce qui tue le meilleur de nous Â» comme il dit. De comprendre plutĂŽt que de rester hĂ©bĂ©tĂ© Ă  se demander : « Que se passe-t-il ? » Moi j’aime lire les philosophes pour ça. Pour voir que tout ça c’est des phĂ©nomĂšnes qui s’expliquent. Y’a pas de thĂ©orie du complot, tu vois juste que l’homme fait tout ce qui est en son pouvoir
 qu’il essaie de faire un homme libre et que petit Ă  petit cette libertĂ© devient de la consommation et qu’aprĂšs cette consommation des biens se transforme en consommation du virtuel, des ĂȘtres, et comment tout ce qu’on peut Ă©prouver devient objet de consommation, qu’on devient nous-mĂȘme objet de consommation, qu’on est en dĂ©ficit et qu’on a honte… Il avait cette idĂ©e-lĂ , qui est trĂšs bien, c’est qu’on a honte face Ă  tous ses objets qui semblent beaucoup plus intelligents que nous et qu’on se lance donc dans une course effrĂ©nĂ©e pour essayer de nous adapter Ă  eux et que c’est peine perdue, les objets nous dĂ©passent tout le temps. Il est donc pour le retour Ă  un artisanat et Ă  l’idĂ©e que si tu dois te servir d’un outil il faut que tu le fabriques toi-mĂȘme sinon dans l’utilisation que tu en auras tu vas dĂ©velopper un sentiment de honte et ce sentiment de honte tu vas le camoufler par encore plus de consommation. Comme tous les philosophes, je trouve que lire ça rend moins con. Et puis ce qui est bien c’est que tu lis, tu relis, tu reprends la page, tu notes, tu reviens dessus… Regarde il a vu un oiseau (il se remet Ă  observer d’un Ɠil plus que critique le chat de tout Ă  l’heure). Je te l’ai dit, c’est un enfoirĂ© de tueur d’oiseau. Regarde : il chope un oiseau, c’t’enculĂ© ! Ah, regarde : ça y est, l’oiseau est parti ! T’as vu ? Il est montĂ© lĂ  maintenant. Ils sont lĂ -haut les oiseaux. C’est un enfoirĂ©, j’te dis. Saloperie de chat ! Coup de fusil ! Non mais ! Les chats c’est fait pour attraper les souris, pas fait pour tuer les oiseaux. DĂ©jĂ  que y’en a dĂ©jĂ  plus


Quel est l’animal que tu prĂ©fĂšres Ă  l’homme ?

L’animal que je prĂ©fĂšre Ă  l’homme ? Aucun. Non aucun. Un animal c’est un animal. Moi qui aime bien les vaches, qui suis entourĂ© de vaches, un autre auteur que j’aime bien, c’est PĂ©guy, qui dĂ©finit les vaches comme une Ăąme adolescente figĂ©e, je crois. Comme si la vache Ă©tait figĂ©e dans une sorte d’adolescence de lui-mĂȘme, tu vois ? Qu’elle ne passait pas au-dessus. Enfin, adolescence, c’est un mot qui me gĂȘne un peu mais c’est comme si elle Ă©tait, je dirai, figĂ©e dans l’enfance d’elle-mĂȘme, tu vois ce que je veux dire ? Et c’est joli comme image, d’ĂȘtre figĂ© dans l’enfance de soi… En Inde c’est d’ailleurs un compliment de dire Ă  une fille qu’elle a des yeux de vache.

Ah oui ? Chez nous, si on te dit que tu as un regard de bovin c’est que c’est mal barrĂ©…

Alors que lĂ -bas c’est un compliment. Peut-ĂȘtre que c’est liĂ© Ă  leur Ăąme d’enfant.

Que retiens-tu de ton Ă©ducation ?

(Silence.) Euh rien de bien positif. Ce que je retiens c’est qu’en Auvergne, dans le milieu paysan, l’ennemi c’est l’autre. Qu’on peut tuer avec la langue. Beaucoup de mĂ©chancetĂ©. Beaucoup de mĂ©chancetĂ©, ouais. Entre les gens. Sauf les vieux. Mais ça c’est gĂ©nĂ©ral. En vieillissant les gens deviennent moins cons. C’est facile d’ĂȘtre gentil quand t’es vieux. Faut attendre qu’ils soient vieux, ouais. Les gens peuvent ĂȘtre trĂšs mĂ©chants dans leur Ăąge adulte et aprĂšs, dans la vieillesse, ils deviennent gentils. C’est pour ça que dans le monde paysan c’est les vieux qui valent. Je crois pas que les autres valent tripette.

Quel est le lieu qui se rapproche le plus pour toi de la citĂ© idĂ©ale ?

Alors lĂ … Comme Houellebecq, je vois un Ăźlot au milieu d’un lac. Donc je dirai la possibilitĂ© d’une Ăźle. Ouais, l’idĂ©al ce serait qu’il soit possible de devenir une Ăźle. Pour soi. Donc je dirai un Ăźlot au milieu d’un lac. La possibilitĂ© d’un Ăźlot au milieu d’un lac (rires) !

Tu sembles bien aimer Houellebecq. J’ai lu qu’en 2000, lorsqu’il tournait pour la sortie de son album PrĂ©sence humaine, vous vous seriez rencontrĂ©s prĂšs d’une piscine au festival de BenicĂ ssim…

Ouais, ouais, ouais, un truc comme ça. Bon, y’a pas mal de gens qui communiquent avec Houellebecq. Mais ouais, je sais pas, disons que c’est le seul personnage un peu intĂ©ressant, quoi, le seul, je trouve, qui dit un peu des trucs quoi donc tu vois
 comme Ă  la fin des annĂ©es 50 je t’aurais peut-ĂȘtre dit que y’avait Sagan quoi


D’ailleurs il lui ressemble un peu. Il a une sorte de maniĂ©risme Ă  la Sagan et un cĂŽtĂ© Ă©pouvantail usĂ© Ă  la Artaud


Ouais, c’est vrai, ouais (sourire). Et dans sa maniĂšre de dire le sentiment d’obsolescence il est brillant quoi. VoilĂ , il est vraiment sur l’obsolescence. Sauf qu’il est un peu
 Il est un peu victime de son physique, quoi. Du coup il est victime de l’Ă©poque, tu vois ?

C’est-Ă -dire ?

Il a idĂ©e de son look. Il rĂ©flĂ©chit un peu Ă  ça. Ce qui est assez rare dans la littĂ©rature. Y’avait Pouchkine qui Ă©tait mĂ©tisse et qui rĂ©agissait par rapport Ă  ça en terme de look mais je crois pas que y’en avait beaucoup qui faisait ça. Proust, non. Enfin je sais pas.

Tu as jetĂ© une oreille Ă  l’album qu’Aubert a bĂąti Ă  partir de poĂšmes de Houellebecq et qui est sorti rĂ©cemment ?

Bah je trouve que c’est bien dommage pour Aubert car connaissant un peu Houellebecq comme ça, je pense que c’est un peu comme les poùmes qu’avait pu faire Muray


Qui eux-mĂȘmes avait Ă©tĂ© mis en musique par Bertrand Louis


Tout Ă  fait (c’est l’album Sans Moi, sorti en 2013), hum, et bien voilĂ , faut pas se mĂ©prendre lĂ -dessus, c’est du foutage de gueule. C’est fait pour se moquer de la poĂ©sie.

D’adapter ces poĂšmes en chanson ?

Non, de les avoir Ă©crits : c’est pour se foutre de la gueule de la poĂ©sie. Minimum respect (titre du recueil sorti par Philippe Muray en 2003 et qui a inspirĂ© aux musiciens de jazz ThĂ©o Josso, Laurent Le Corre et Rachid Sefrioui un album du mĂȘme nom paru en 2006). Et Houellebecq et Muray c’est pareil, ils font pas ça pour Ă©crire de la poĂ©sie mais pour faire la dĂ©monstration de l’actuelle vacuitĂ© de l’art poĂ©tique. Donc c’est de l’anti-poĂ©sie. Du second degrĂ©. Et donc c’est dĂ©gueulasse de voir qu’Aubert pense que c’est de la poĂ©sie alors que c’est de l’anti-poĂ©sie. Il aurait dĂ» faire de l’anti-chanson lĂ -dessus.

Tu penses ?

Bah oui, c’est pas sĂ©rieux pour Houellebecq. Je pense que Houellebecq il se ffffend la gueule en Ă©crivant ça. Ça confirme ce qu’il pense, que les gens sont tellement abrutis qu’ils prennent ça pour de la poĂ©sie alors que ça n’en est pas.

Mais tu ne penses pas qu’aujourd’hui cette soi-disant « anti-poĂ©sie Â» de Houellebecq est devenue de la poĂ©sie tout court ? Que ce cĂŽtĂ© blagueur est totalement pertinent ? Et que tout ça l’est devenu d’autant plus qu’il Ă©crit en versification classique ?

Mais c’est nul ! Nul ! C’est tellement nul quand tu vois comment il Ă©crit que c’est Ă©vident que c’est du foutage de gueule. Enfin je crois. C’est une blague qui a Ă©tĂ© prise au sĂ©rieux.

Et qui, comme parfois, est devenue un nouveau canon poétique.

Oui, mais pour moi ça reste une blague. C’est comme les textes de Muray, c’est d’la blague. Vraiment, c’est d’la blague !

Je vois ce que tu veux dire mais je ne pense pas que ce soit que de la blague.

Si, si, je t’assure, c’est d’la blague, du foutage de gueule, de l’os à moelle !

Toi qui as dĂ©jĂ  mis du Baudelaire en musique tu n’aurais donc pas fait de mĂȘme avec des poĂšmes de Houellebecq ?

Bah non, c’est du Pierre Dac, c’est pas sĂ©rieux. C’est
 Comment t’expliquer ça ? C’est mĂȘme pas du dĂ©risoire, c’est de la farce. VoilĂ , c’est de la farce. Et donc de laisser Aubert prendre ça au sĂ©rieux alors que c’est une farce, ça me fait vraiment rigoler. Ça rajoute une farce Ă  la farce.

C’est trùs copieux


(Rires.) Je pense que Houellebecq il doit se fendre la gueule et se foutre de celle d’Aubert


Non, je ne pense pas, lĂ  je crois que tu te mĂ©prends un peu, que tu surestimes la nature irrĂ©vĂ©rencieuse de Houellebecq. A ce que j’en ai lu, ces deux-lĂ  s’entendent bien. Et puis Houellebecq n’a jamais craint de dĂ©plaire mais d’un autre cĂŽtĂ© il a toujours aimĂ© la pop, les chansons et le fait de pouvoir toucher ce grand public qui aime les chansons. Aubert, encore plus que Bertrand Burgalat Ă  l’époque, lui fournit cet accĂšs


Et puis il aime bien la caillasse, si, si, il sait que ça lui fait du pognon. Donc lĂ  il est tout Ă  fait dans son Ă©lĂ©ment. Dans L’Obsolescence de l’homme d’Anders t’as ça aussi, l’idĂ©e qu’il faut pas craindre de mettre en place des stratĂ©gies qui, se foutant de la gueule du systĂšme, tirent profit du systĂšme, tu vois ? C’est pour ça que c’est un peu notre rock’n’roll idol, tu vois ? C’est du foutage de gueule et il a jamais dit Ă  Aubert que c’en Ă©tait, donc c’est ridicule.

Mais


Mais si tu lis une page de Houellebecq, tu vois bien que c’est ridicule ! Totalement ridicule ! Mais il adore. Il adore. C’est un blagueur, le mec. C’est une blague et il la laisse ĂȘtre prise au sĂ©rieux. C’est trĂšs Ă©tonnant ça. Et Ă  chaque fois ça me fend le cƓur pour Aubert parce qu’alors je me dis que dans cette histoire c’est le dindon de la farce.

Une injustice, toi,  prĂ©fĂšres la subir ou la commettre ?

Oh ni l’un ni l’autre. J’aimerais pas en subir, j’aimerais pas en commettre. Non. Mais tu vois, dans l’affaire qu’on Ă©voque, je trouve que Houellebecq n’aurait pas dĂ» laisser faire ça.

Ah ouais ?

Oui, parce qu’il se ridiculise aussi. Il se ridiculise tellement que
 Hier j’étais en promo chez les belges (comprendre : l’émission Par Jupiter de Charline Vanoenacker et Alex Vizorek) et qu’est-ce que j’entends sur Inter Ă  6 heures du mat’: Aubert en train de chanter du Rimbaud !

Ah oui, il avait dĂ©jĂ  prĂ©cĂ©demment mis en musique son poĂšme « Sensations Â»â€Š

Mais enfin, non, ça c’est pas possible ! C’est pas possible ça !

Mais comme je le rappelais toi tu as bien déjà mis du Baudelaire en musique


Mais moi je me suis couvert moi.

C’est-Ă -dire ?

Le fils FerrĂ© m’a signĂ© les musiques de son pĂšre sur Baudelaire. Donc moi j’ai fait du FerrĂ©.

Ok.

Ah oui, moi j’ai fait du FerrĂ©. Et puis Baudelaire Ă©crivait sĂ©rieusement lui (lĂ  il se dĂ©douane par anticipation parce qu’il se doute que je connais sa mise en musique sur son album de 96, DolorĂšs, du poĂšme RĂ©versibilitĂ© de Baudelaire). Il faisait pas du Pierre Dac.

Il n’y avait pas dĂ©jĂ  une part d’humour chez Baudelaire ?

Non, il avait pas trop le sens de l’humour. Les dandys en gĂ©nĂ©ral ça a pas le sens de l’humour, sinon ils seraient pas dandys, je crois.

MĂȘme pas l’humour noir ?

Non (l’attachĂ©e de presse me demande de conclure avec « une derniĂšre question vite fait Â» car Jean-Louis a un train Ă  prendre).

Quelle est la chose la plus grotesque que tu aies faite par amour ?

(Silence.) Non, j’ai jamais rien fait de grotesque.

Jamais ?

Nan, je t’assure. Mais j’y rĂ©flĂ©chirai dans le train.

Et la belle mort pour toi, ce serait quoi ?

Mourir en me disant : « Chic, je vais savoir ce qui se passe aprĂšs ! » Je vous tiens au courant !

Merci !

Tchao.