BASILE DI MANSKI (1)
8 juillet 2013. 17h20. « Je suis partant pour une interview ping pong » me répond par mail Basile Di Manski. Et je m’en réjouis car ça fait des lustres que je tiens à vous présenter ce petit prodige pop inconnu, tellement longtemps (« Putain, deux ans ! ») qu’aujourd’hui je me retrouve dans la position de la mère un peu trop aimante qui veut marier son fils (« Il est beau mon fils ! ») ou du vieux singe qui tend Simba vers le Soleil, genre (« C’est l’histoire de la vie ! ») : « Ne cherchez plus, c’est lui. »
Pour moi, sans le vouloir, il les éclipse tous. Tous les groupes actuellement encensés pour participer au renouveau d’une certaine pop française. Parce qu’il fait justement ça sans vouloir éclipser qui que ce soit, juste pour lui, tout seul, et qu’il a la vista quoi. C’est comme ça, ça ne s’explique presque pas. J’en connais peu qui sont aussi productifs et jonglent allègrement entre tous les styles (folk, hip hop, reggae, chill out…), style « catch me if you can », tout en ayant leur vrai style, pop sur toute la ligne.
Récemment en soirée j’ai entendu une nana dire qu’elle n’arrivait pas à « fruiter ses seins » (poires, pommes, melons, pastèques ?). On pourrait en dire de même de la pop de Basile Di Manski : elle est infruitable. Enfin si, on pourrait la fruiter (poires), même dire qu’elle évoque Phoenix en plus sexe, smooth, mais on s’en fiche, qu’importe le fruit pourvu que ça glisse. Salade de fruits (« jolie, jolie, jolie »), d’appât mélodieux en appât mélodique, celle-ci absorbe tout, sponge pop. Fait le grand mix.
En un sens, on pourrait dire que ce jeune type de 25 ans est trop en communication avec sa musique pour s’occuper de faire sa com’, qu’il ne calcule rien et se contente de vivre cet amour dans sa bulle. On pourrait, sauf que depuis cette rentrée ce n’est plus le cas : il a décidé de conclure. Nouveau taf, nouveau groupe (Colony), sortie de livre (Saint-John d’Orange), il avance dur : il avait une actu ! Plus qu’une bière, c’était bien le moment de lui proposer un petit ping pong de mails. Music thirst !
« la dope parfaite, c’est l’histoire d’amour torride et un peu triste »
Bonjour Basile. Avant de parler de ton tout nouveau groupe et du livre que tu t’apprêtes à sortir, deux projets qui s’apprêtent à sortir, je voulais parler de la musique que tu fais en solo. C’est par elle, sous le pseudo Peter P, que je t’ai découvert. Surgi de nulle part, tu m’avais mailé à ce propos à l’été 2011…
Oui, je m’en souviens bien : à cette époque je vivais à Milan et je ne connaissais pas grand monde. C’était l’été, la ville était déserte et j’étais seul comme rarement je l’ai été (seul au bon sens du terme !). Musicalement aussi j’étais seul : j’avais déjà beaucoup de morceaux d’enregistrés mais ils étaient coincés dans mon ordinateur et personne ne les écoutaient. Le soir, je jouais dans un bar un peu sinistre, pour des habitués et des alcooliques. C’est à ce moment que je me suis dis que j’avais envie d’en finir avec cette forme d’isolement. Qu’il fallait que cette musique existe un peu, que des gens l’écoute. Du coup, j’ai fait une sorte de petit communiqué de presse que j’ai envoyé à droite à gauche, à des blogs, des journaux, des labels. C’était un peu comme d’envoyer une bouteille à la mer : tu as reçu une bouteille à la mer. Tu es la seule personne qui m’ait répondu. J’étais hyper content.
J’ai été étonné d’être vraiment le seul à t’avoir répondu. As-tu été étonné qu’une seule personne te réponde ?
Oui et non. D’un côté, j’ai confiance dans la musique que je fais. Pas parce que j’estime que mes morceaux sont biens ou beaux (c’est presque impossible de se juger soi-même d’un point de vue esthétique), mais simplement parce que je sais qu’ils sont habitables. En général, je vois les chansons comme des cabanes ou des chambres d’hôtels où l’on doit pouvoir venir se poser quelques instants. Si je n’arrive pas à vivre dans l’une des mes chansons, je considère qu’elle est ratée ou pas achevée. De ce point de vue, il m’est déjà arrivé de me dire : « C’est bizarre, on est si bien dans mes chansons et pourtant le buzz se fait cruellement attendre… » Mais d’un autre côté, je sais que l’industrie et le marché ont besoin d’un univers bien délimité, qui puisse apparaître comme une évidence en deux ou trois morceaux, ce qui n’est pas tout à fait le cas de ma musique. Elle est délicate à cerner car c’est une sorte d’errance qui passe par différents genres… Enfin, pour qu’une oeuvre existe il faut la faire exister, c’est un travail à part entière et c’est un travail qui est difficile pour moi. Je commence tout juste à aimer ça.
Tu m’as alors assez vite envoyé deux démos de ce que tu composes en solo : une de 13 titres en juillet 2011 et une de 9 titres en février 2012. Quelles périodes de création circonscrivent-elles et quelle vie ont-elles eu ?
Difficile à dire : la première démo de 13 titres était un assemblage de morceaux divers dont 6 morceaux de mon tout premier EP, 1988, qui comprenait déjà 7 chansons hyper disparates. Ces morceaux correspondent pour moi à une période très lointaine où ma vie ressemblait à des grandes vacances. Ils ont beaucoup circulé dans mon entourage et un peu sur internet, avec pas mal d’écoute dans des pays improbables comme l’Indonésie. Ils me servent toujours de carte de visite. L’histoire de mon second EP, New Territories, elle, est toujours en cours : DatA (jeune musicien électro qui un pot pourri cradingue de Cerrone, Daft Punk et Metallica – nda) m’avait proposé de produire quelques-uns de ces titres, il avait d’ailleurs commencé à travailler dessus mais, manque de temps, il n’a rien pu finaliser et je suis passé à autre chose, ce qui est un peu idiot car cet EP est beaucoup plus cohérent que le précédent…
Comme les gens ne connaissent pas ces morceaux, je te propose qu’on fasse, tant que possible, une interview « track by track », pour passer en revue ton répertoire et inciter les gens à aller écouter. Qu’en penses-tu ? D’ac ?
Allons-y !
Démo 1, plage 1 : « The Anti-Hedonist (Protest Song) ». Pourquoi anti-hedonist et pourquoi protest song ?
J’ai écrit ce morceau à un moment où j’étais en froid avec l’idée très répandue selon laquelle le but de l’homme est la recherche du plaisir. Les impératifs de jouissance me semblent être l’une des pires choses qui soient. Pour moi, c’était aussi un exercice de style intéressant car la plupart du temps je n’arrive pas à utiliser la colère pour écrire un titre. La colère m’a toujours bloqué.
Si je me souviens de nos discussions de l’époque, il me semble que tu voyais aussi ce morceau comme une sorte de réaction à la vague « chill out' » représentée par des groupes comme Washed Out et Porcelain Raft & co, que tu voulais rompre avec leurs côtés indolents voire adulescents…
Oui, il y avait de ça aussi, c’est vrai. J’ai l’impression que la vague chill out s’est un peu calmée aujourd’hui, mais à cette époque le succès du site Pitchfork s’est fait en grande partie avec des groupes très laid-back, qu’on écoute en after le weekend, c’est un peu fatiguant à la longue, non ?
Tu plaidais pour plus de dramaturgie, de lyrisme et j’ai l’impression que chez toi tout ça passer par le chant et donc, d’une certaine manière, tes paroles, que tout ça opère comme une saillie dans l’enveloppe mélodique.
Tout à fait, c’est comme des sabres dans des nuages.
A cette époque tu m’avais aussi fait part d’une certaine frustration au niveau des textes, comme quoi tu aimerais chanter des choses plus profondes et complexes que ta maîtrise de l’anglais ne t’autorise pas. Pourquoi cela ? Tu te sens comme un parolier français à l’étroit dans le registre de la pop anglophone ?
Non, je ne m’y sens pas à l’étroit, parce que j’ai beau me sentir un peu parolier, la musique me vient presque toujours en premier lieu (je pense rarement aux paroles avant d’avoir une mélodie de chant) et j’aime que le sens reste un peu obscur, abstrait, en retrait. A mes yeux, les plus grandes chansons sont souvent les plus mystérieuses… « Stairway to Heaven » par exemple, c’est presque mystique. Après, quand les mots ne viennent pas, que je suis en difficulté, j’aimerais parfois être aussi libre en anglais qu’en français, avoir plus de ressources linguistiques. Mais d’une manière générale, j’aime cette contrainte, ce handicap qui m’interdit d’aller au-delà du minimalisme et me permet dans le même temps de conserver une certaine pureté dans l’écriture : je ne peux utiliser que des mots simples et les mots simples tapent fort.
Et tu t’y autorises sans doute de dire des choses que tu n’oserais pas dire en français, je pense notamment aux refrains de « The Anti-Hedonist » (« I just want to fuck you hard in the ass ») et du morceau qui suit, plage 2, « The Incredible Story of a Magnificent Blowjob » (« I’m so fine in your mouth / Oh I wish you’ll never stop »)….
Bien sûr ! Chanter en anglais permet aussi de dire des cochonneries qu’on ne raconterait pas comme ça au premier venu. Il y a quelques chose d’assez grisant là-dedans : pouvoir tenir ce genre de propos en toute tranquillité…
« Des sabres dans les nuages » !
Oui, mais « The Anti-Hedonist » est une chanson de révolte et « Magnificient Blowjob » est une chanson que je voulais un peu porn. La plupart du temps j’écris des choses moins explicites.
Ce « Blowjob » est épiphanique. L’as-tu dédicacé à l’intéressée et a-t-elle été touchée ou n’en a-t-elle jamais rien su, la chanson n’arrivant capri, quand c’était fini, perdu de vue ?
Dans cette histoire de blowjob, le plus touché c’est moi… En vrai, pour cette chanson comme pour les autres, le lien avec les femmes est assez fort, je n’invente rien. Quand tu fais une musique comme la mienne, un peu chaloupée et mélancolique, latine quoi, il y a des sentiments qui t’inspirent plus que d’autres… Et la dope parfaite de ce point de vue là, c’est l’histoire d’amour torride et un peu triste. Parce que l’histoire d’amour torride et un peu triste est par nature chaloupée et mélancolique.
Et ce côté porn qui affleure parfois dans tes textes, c’est ton côté génération gangsta rap où génération YouPorn ?
Je te répondrai en deux temps, façon Giscard. Oui, le rap m’a vachement influencé, surtout celui de la côte Ouest, qui est le plus sexuel, le moins violent, mais le plus génial à mon avis. Mon premier CD, c’était Première Consultation de Doc Gynéco. Je ne comprenais pas toujours les paroles, mais j’adorais les instrus, les petits détails dans ses prods et j’écoutais ça en boucle. Ces chansons étaient hyper-confortables, commes des baskets. Et désespérées aussi. Ce mélange me fascinait et me fascine toujours : confort et tristesse. Ça pourrait résumer toute ma musique ça. Pour ce qui est de YouPorn, je suis de cette génération ou du moins d’une des premières génération porno sur internet. Or, je crois qu’il n’y a pas de plaisir plus triste que le porno. C’est solitaire, c’est vain : c’est ultra-moderne. Je le répète : Doc Gyneco était un visionnaire.
Je dis ça car pour moi tu te distingues de la plupart des jeunes musiciens de ton âge parce que, tu as absorbé la culture de ta génération (la pop, le rap, internet, etc.), ce qu’elle considère comme cool, tout en t’appuyant sur des références, comment dire, plus ancestrales, mythiques (le folk, la poésie, Bach, Byron…), des choses qui évoquent un monde perdu ou intérieur…
Lord Byron était une sorte de Doc Gyneco aristocratique. Il s’est foutu en l’air pareil, il a écrit aussi. En fait, j’aime la même chose chez ces deux artistes.
Le morceau suivant, plage 3, s’intitule « Blue Lemon ». C’est quoi ? Une histoire d’éléphant roses ou ta façon de dire que « La Terre est bleue comme une orange » ?
Je m’en souviens très bien. J’étais dans mon appartement de Bologne, à la fin d’une année d’Erasmus, il n’y avait personne dans mon immeuble, ce qui me permettait parfois de faire de la musique pendant 12h d’affilée. Un matin vers 7h, je venais de terminer l’instru de ce titre et il n’y avait rien dans mon frigo, à part un citron. En le regardant, je me suis dit que les choses n’avaient pas toujours les couleurs qu’on leur donnait, qu’elles avaient une sorte de couleur « intérieure ». Que les chiffres pouvaient être rouges, les lettres vertes, et les citrons bleus. J’ai été écrire ça et j’ai terminé le morceau le jour même.
Ok, c’est plus ton « Sonnet des voyelles » alors ! Mais, dis-moi, tu carbures à quoi pour pouvoir faire de la musique pendant 12h d’affilé ?
Ça dépend ! A une époque, je fumais de l’herbe, comme 99% des mecs qui font de la prod, du mixage, etc. Parfois ça aide à se concentrer et à rentrer dans le son des morceaux. Parfois ça fait seulement perdre du temps. Mais c’est anecdotique. Aujourd’hui, je n’ai plus le droit de fumer mais je peux encore passer des heures à construire un morceau. Ça me met dans un état de transe où j’oublie tout. Drogue ou pas drogue, peu importe, c’est la transe qui compte.
Après ce « citron bleu », t’enchaînes plage 4 avec une « sonate de reggae rouge »…
Comme « Blue Lemon », « Red Reggae Sonata » est le fruit de ce qu’on pourrait appeler un évènement perceptif : j’étais chez un pote et il y avait cette minuscule radio rouge, une radio des années 60. Je me suis demandé : quel genre de musique irait le mieux avec cette petite radio rouge ? La réponse était : une sonate avec une batterie et une basse jouée reggae.
Dans ce morceau, comme tu viens de le dire, il y a peu d’ingrédients, comme il y en a peu dans « Blue Lemon » et son côté marabout-lo-ficelle-beat-box-hand-claps, mais il s’achève tout de même dans le délire d’un bon solo de gratte accompagné d’un toast rastafaraï. C’est assez osé : peu de moyens, mais tu ne te refuses rien !
On en revient au côté minimaliste et bricolé de mes chansons. Deux remarques : d’un côté, quand tu fais tout toi même, de l’écriture au mixage, tu dois faire avec les moyens du bord et il est très difficile de faire sonner ton morceau comme du Michael Jackson… D’autant plus que les morceaux dont tu parles ont déjà 2 ou 3 ans. Mais, là encore, j’aime les chansons bricolées, j’aime quand on voit les ficelles et qu’un morceau dévoile un peu de la manière dont il a été fait… C’est un peu comme de voir une fille qui n’est pas encore tout à fait nue, tu vois ? Tout de suite, ça implique des promesses, un rythme, une narration. Ensuite, je t’avouerais que les structures pop ampoulées, presque baroques, ne me plaisent pas. Je suis plus séduit par les structures des musiques électroniques. C’est répétitif, ça ressemble aux villes qu’on habite. C’est plus actuel et moins fatiguant à imaginer.
A propos de pop et de prod, que penses-tu des groupes pop français qui buzz en ce moment, comme Aline, La Femme, AV, Fauve, Granville, Pendentif, Juveniles… ?
J’ai beaucoup de mal à évaluer ces groupes. Musicalement, chez eux, quelque chose me gêne, je n’arrive pas à les trouver vraiment novateurs. Après, j’ai l’impression que la chanson française ne s’émancipera jamais de certains de ses fantômes, surtout Gainsbourg et Noir Désir, qui restent, il me semble, les deux influences les plus importantes des groupes actuels. Et quand un groupe comme La Femme ou Fauve essaie de mélanger les influences en ajoutant une touche plus électronique et un peu d’exotisme, j’ai l’impression que la somme de ces éléments disparates ne produit toujours pas de nouveauté, qu’il s’agit d’une somme de partie, jamais d’un vrai tout. Tout cela malgré le buzz qui peut les accompagner. La culture traverse des périodes de richesse et des périodes de désert et en ce moment la chanson française est dans le désert. Bref, je n’écoute pas ces groupes !
As-tu tout de même noté (et c’est peut-être notre chill-out à nous) que la plupart de ces groupes (Alba Lua, La Femme, Granville, O Safari, Pendentif, Garçons d’Argent…) ne parlent que d’été, de glisse, de kiss, de kif, d’île et de sixties ? Toi qui pensais avant que la plage était « tout ce qu’il y avait du monde » comme tu le chantes sur « Tropical Girls Are Dead », qui ne figure pas sur tes démos, qu’est-ce que cela t’inspire ?
C’est un sujet complexe. Je crois que ces deux courants sont liés à l’évolution actuelle du marché de la musique. D’un côté la vague chill-out / musique de plage / grandes vacances est boosté par le fait que le succès d’un titre est de plus en plus étroitement lié à un environnement commercial. Les chansons qui sont associées à des pubs font des cartons. La musique de type synchro (M83 par exemple), catchy et hédoniste en devient d’autant plus populaire. D’un autre côté, peut être en réaction, existe un mouvement plus sombre, qui se développe, avec des textes plus cyniques, tristes et critiques. Mais je pense que la musique hédoniste a encore de beaux jours devant elle – même si elle peut lasser – car c’est la seule qui soit vraiment compatible avec la publicité.
Plage 5, on trouve « Mario Star ». C’est quoi, une ode au plombier de Nintendo ? Ton morceau branché « Video Games » pour faire comme Lana Del Rey ?
Ça peut paraître étrange mais « Mario Star » est une chanson que j’ai longtemps eu envie d’écrire. De par le clin d’œil du titre, elle a bien sûr quelque chose de générationnel, mais on peut aussi y voir une métaphore de certaines substances qui nous changent et nous accélèrent, et elle pourrait aussi parler de l’amour quand l’amour donne l’impression d’être invincible. Mais en vérité ce morceau est venu d’une envie beaucoup plus basique : je voulais composer un refrain qui galope, comme si après avoir plané pendant le couplet, la chanson prenait une étoile d’invincibilité et se mettait à foncer droit devant elle. « Mario Star », c’est ma première chanson vraiment galopante. Tu vois que, là encore, tout est venu de la forme… Je fonctionne souvent comme ça : j’aperçois la chanson de loin, puis je m’en approche tout doucement et si tout se passe bien j’arrive à l’attraper.
Plage 6, tu reprends le « Kids » de MGMT. C’est la seule reprise du disque et la seule que je t’ai jamais entendu faire. Pourquoi MGMT et pourquoi cette chanson ? Tu voulais créé le buzz sur le dos de leur notoriété ?
D’une manière générale, je fais peu de reprises et j’apprends peu de chansons. Mais celle-ci est idéale, c’est un tube parfait. Il y a tout : un son énorme, des paroles assez ésotériques pour qu’on puisse leur faire dire presque n’importe quoi, 4 accords, une belle mélodie, une interprétation au top. Cette chanson a été importante pour moi, j’avais envie de m’en imprégner et de la transposer dans un genre de reggae, plus smooth.
« Importante » pour toi ?
Oui, comme l’a été tout l’album Oracular Spectacular. J’aime bien l’attitude qu’ils proposent dans leurs morceaux. Et à chaque fois qu’un morceau me touche, je me demande : « Quelle attitude défend ce groupe ? Qu’est-ce qu’il dit ? » Je ne sais pas exactement ce que veulent dire les deux mecs de MGMT, mais quand j’écoute « Kids », je me sens comme leur musique : intelligent, sensible et courageux. Il y a quelque chose de mystique chez eux.
En effet. Leur premier album m’avait rappelé un autre disque d’une jeune musicien américain, disque que j’avais trouvé lui aussi assez générationnelle, ambitieux et mystique, c’est le Digital Ash in A Digital Urn de Bright Eyes. Tu connais ?
Non, j’écouterai !
Dans ta reprise de « Kids » on retrouve cette vibe reggae dont s’acoquinent souvent tes morceaux. D’où te vient-elle ? Tes premiers accents de guitares ont été rythmés par la glande et les pèt’ avec les potes du lycée ?
Oui, bien sûr. Ce qui est étonnant parce qu’à 14-15 ans j’écoutais exclusivement du rock’n’roll, le reggae me faisait chier. Mais on était nombreux à jouer de la guitare et il y avait beaucoup de reggae autour de moi. J’en ai donc joué bien avant d’aimer en écouter. On passait des soirées à jouer, à chanter, on ne faisait que ça et on le faisait très rigoureusement, surtout avec deux de mes meilleurs potes. On a eu la chance de grandir dans un environnement ultra stimulant d’un point de vue artistique. Même si, comme dans pas mal de banlieues, on fumait et on faisait quelques conneries, au final on s’ennuyait peu parce que dans le milieu où on se trouvait, la créativité était très valorisée. Le seul truc qu’on respectait vraiment les uns chez les autres, c’était le talent, quelque soit l’âge où le milieu social. C’était très sain, de ce point de vue là.
(SUITE.)
Photo en « une » réalisée par Joris Rossi
Soundcloud et Myspace de Basile di Manski
Ce que j’ai lu m’a plu. Donc j’ai écouté. Et ça m’a plu aussi.
Mais aucune impression à délivrer pourtant… !