Jacques Air Volt : RĂȘvolt (1/3)

Le 29 mars 2019 sortait le troisiĂšme album de Jacques Air Volt. A l’époque j’avais Ă©crit un texte en trois tomes pour prĂ©senter cette nouvelle odyssĂ©e discographique du sieur et comparse Denis Jacquinet. Un texte, Le DĂ©serteur, qui est passĂ© massivement inaperçu, comme le disque, RĂȘvolt. A tort bien sĂ»r ! Il est temps de rĂ©parer tout ça.

« Le texte attendra Â»

Il avait dĂ©jĂ  montrĂ© des signes avant-coureurs Jacques Air Volt. C’était dans Les Aiguilleurs du ciel, son deuxiĂšme album (2014), qui faisait suite Ă  l’EP Attendre (2011) et Ă  PremiĂšre bande (2009). Notamment dans le morceau-titre, long de plus de 11 minutes. Des signes avant-coureurs d’hors-piste. Mais ce n’était rien comparĂ© Ă  ça. Ça ? Son nouvel album.

Il s’appelle RĂȘvolt et sort le 29 mars prochain sur Bambino Musique, structure qu’il a crĂ©e en 2016 dans le but « d’accompagner la crĂ©ation musicale francophone Â». A commencer par la sienne, bien sĂ»r. Et au bout de 4 ans de labeur – enfin je ne sais pas quand il a commencĂ© Ă  s’y mettre, il faudrait le lui demander – le mec fait appel Ă  moi pour l’aider Ă  vĂ©hiculer ça.

« Le mec est fou Â», me dis-je ! C’est que j’ai aussi mes chansons Ă  porter/apporter moi, et c’est le plus beau bĂ©bĂ©/mĂ©tier du monde alors les tiennes Denis, comment dire ? Et puis tu sais moi justement le journalisme pour ça j’ai un peu/beaucoup arrĂȘtĂ©. Et j’ai toujours eu la dent dure, tu sais, pas du genre Ă  m’extasier sur le tout-venant et Ă  dire que j’aime alors que argh non.

Il le sait Denis Jacquinet. C’est pour ça qu’on s’était rencontrĂ© la premiĂšre fois. Sa RP m’avait envoyĂ© tout un tas de trucs abscons, des trucs totalement hors de mes goĂ»ts, dĂ©nuĂ©s d’intĂ©rĂȘt. Et son disque, Les Aiguilleurs du ciel. De la chanson qui change. Ambitieuse. « Ah lĂ , ok Â». On pouvait parler. Et on l’avait longuement fait, de lui, de Bashung, Beck, Radiohead…

Je me rappelle qu’à l’époque il Ă©tait parrainĂ© par Didier Varrod de France Inter qui disait voir lĂ  « la haute couture de la chanson pop Â», par opposition au prĂȘt Ă  porter. Un truc comme ça. Je cite de mĂ©moire. Sa bio le prĂ©sentait en « inventeur de la slow song Â». Bon, je venais tout juste de me mettre Ă  secouer un peu le schmilblick. Il avait mon Ăąge. J’étais jaloux, intriguĂ©.

Il faut Ă©couter ce disque, Les Aiguilleurs du ciel. Il y a lĂ  des choses. The new one, RĂȘvolt ? On va y venir oui. Mais prenons un peu notre temps, vous voulez bien ? Il n’y a pas le feu, n’est-ce pas ? Il faut savoir placer les choses, le contexte. Le texte attendra. Le texte peut attendre. « La vie c’est ce qui arrive quand on a d’autres projets Â» disait Lennon. Vie !

Et puis il m’a laissĂ© carte blanche pour ce texte Jacques Air Volt. Je lui ai dit : « Je sens bien un truc en prose Â». Et il m’a dit : « Banco Â». Et voilĂ , le texte m’emmĂšne. Je ne sais pas trop oĂč mais il me mĂšne. Ce n’est dĂ©jĂ  plus ce que j’avais en tĂȘte et notĂ© sur le flux d’un premier jet. J’ai entrevu une chose et c’est une autre qui va sortir. ObligĂ©. Abracadab comme d’hab.

Et c’est tout Ă  son honneur, ce goĂ»t du risque, du prolongement. Cette franchise de larguer les amarres. C’est ce qui a dĂ» sĂ©duire/fĂ©dĂ©rer cette fine Ă©quipe dont il s’entoure et qu’il est JAV : Denis Jacquinet donc (chant, guitare), Thomas Chalindar (batterie), Yann Athanase (basse), Etienne Kapikian (claviers), AurĂ©lien Rambach (rĂ©alisation) et Alex Gopher (mastering).

Oui, le cĂ©lĂšbre musicien-DJ-producteur French Touch faire partie de l’aventure de RĂȘvolt. Car c’est bien beau de partir en live et de la jouer tout analogique si c’est pour au final tout aplatir de façon numĂ©rique. Il fallait confier cette musique Ă  quelqu’un qui pourrait y prendre part, comprendre son dĂ©lire, son mouvement, veiller au grain, le nourrir. Rentrer dans le temps.

Oui, il a acceptĂ© Gopher, pas insensible d’y trouver lĂ  une aventure, qu’on lui en propose une. C’est pas si souvent que ça arrive. Et les aventuriers qui ont ce goĂ»t-lĂ  chevillĂ©, ils s’attirent, ils s’élisent. De tout temps mettent « la petite vie au cercle de la grande Â» comme dit D.H. Lawrence). Il ne sait pas faire autrement l’aventurier : tout larguer. Qui l’aime le suive.

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