Deleo #2 : La croix et la bannière étoilée
Dans cette jungle sur laquelle les français de Deleo se lancent, internationale, il est bon d’avoir un remix dans le carquois. D’allier au son pop-rock la dance. C’est dorénavant chose faite avec une version de leur premier single, « Unfair », par le DJ The Wooden Cross.
Deleo qui fait les choses bien – super chansons, producteur de génie, groupe soudé, chanteuse charismatique – continue de cocher les cases à sa manière, avec éclat. Une semaine pile poil après avoir sorti le premier single de leur premier EP prévu pour le 19 mai – les choses dans l’ordre vous dis-je, EP puis LP, c’est prévu, carré – single fièrement présenté au monde par l’entremise d’un clip mis en ligne le 19 mars sur Youtube, et qui se porte bien d’ailleurs, merci, après tout ça donc, place au remix.
Car comme je vous le disais, tout bon single doit avoir son satellite pour aller encore plus loin, rayonner encore plus fort, et ce satellite c’est le remix. La fréquence en plus. Pour s’installer sur d’autres ondes et s’immiscer sur le dancefloor. Tel un ange gardien et un beau diable, c’est quelqu’un qui veille. By night. Et la nuit porte conseil.
C’est la petite clé qui ouvre d’autres perspectives et débouche parfois sur de belles réussites. On se souvient des remix du « Mr. Brightside » de The Killers par Jacques Lu Cont, de celui du « Prayer in C » de Lilly Wood & The Prick par Robin Schulz, de celui du « Saint Claude » de Christine and the Queens par Domenic Torti. L’exemple ultime étant le « I Follow Rivers » de Lykke Li par The Magician.
« Unfair » ne déroge donc pas à la règle. Le sien est là, bien en place, loin d’être un pur produit dérivé dans l’espace. Et c’est tout naturel car si la musique de Deleo se caractérise, fidèle en cela aux plus grandes lignées pop-rock des années 90, par sa nature mélancolique, elle se distingue parce que sa poétique ne se départit jamais de quelques notes qui lorgnent vers la dance-music. C’est comme un contrepoint discret, une ligne de fuite qui transparaît dans les arrangements et participe au mouvement des pôles – aéro-dynanisme, doux-amer – propice au dérèglement des sens. Une adresse à l’esprit et au corps.
Hé, qu’on y pense, ce n’est pas sans précédent, prenez New Order, voyez Depeche Mode, pour ne citer qu’eux ! Et la disco ! Et ABBA ! C’est ça la pop, mariage des contraires, la croix et la bannière. L’alliance du triste et de la dance, accélérateur de particules, vivant oxymore – poésie encore ! Et via sa pulse très club, ses kick in the sky d’Ibiza, le remix orchestré par le DJ et producteur français The Wooden Cross vient surligner ça dans le son de Deleo, même au cœur d’une ballade comme « Unfair ».
Son atmosphère aqueuse très voyage en eaux troubles se voit propulsé sous la boule à facettes d’une nuit noire d’étoiles. Ça tournoie et s’enivre de l’ivresse du tournoiement. On n’est plus dans sa bulle, happy being sad, mais on coince la bulle dans sa bulle et pomme ! Des toxines se libèrent et l’on retrouve forme humaine, corporée et stellaire.
Alors ? Pop ? Rock ? Electro ? Dance ? Et si c’était un peu tout ça à la fois ? De toute façon, aujourd’hui plus qu’hier, qu’importe le flacon musicalement pourvu qu’on ait l’ivresse !