DURING THE GOLD RUSH (COMING SOON)
1er fĂ©vrier 2008. Jâai une enquĂȘte Ă faire sur lâexplosion gĂ©nĂ©ralisĂ©e des dĂ©nicheurs de talents. Câest la nouvelle ruĂ©e vers lâor(dinateur). Des marques aux mĂ©dias, tout le monde sây est mis. Normal : si les maisons de disques nâont plus dâargent et ne signent plus de vrais bons groupes pour cause de chute des ventes de disques, il y a par contre plus que jamais de jeunes groupes qui cherchent Ă se faire connaĂźtre. Lâexposition, la sĂ©lection ! Le voilĂ le biz. LâavĂšnement dâoutils 2.0 favorise simultanĂ©ment lâĂ©mergence de nouveaux groupes et de nouveaux mĂ©dias ? CQFD. Dans ce contexte de foire fouille oĂč chacun a bien compris les nouvelles rĂšgles du je( jâavais choisi dâinterviewer Jean-Daniel Beauvallet des Inrockuptibles, Philippe ManĆuvre de La Nouvelle Star, Bester Langs de GonzaĂŻ.com, Julien DorĂ© et le groupe de folk-rock Coming Soon.
Depuis la sortie de leur premier EP (The Escort Boy, en 2006) la blogosphĂšre ne cesse plus de chanter leurs louanges. Je suis suspicieux. Howard Hughes, Leo Bear Creek, Ben Lupus, Alex Banjo, Billy Jet Pilot, Mary SalomĂ© et Caroline Van Pelt ont tout pour attirer lâattention : lâĂ©levage en plein air (Ă Kidderminster, patelin paumĂ© prĂšs dâAnnecy, en Savoie), lâunion qui fait le force (7 avant, 6 maintenant), le cĂŽtĂ© « tata tata voilĂ les Dalton ! » (2 paires de frĂšres Ă bord), la jeunesse (de 13 Ă 26 ans), lâimage vintage fournie clĂ© en main (cow-boy BD), les pseudos Ă la Tom Sawyer (« il nâa peur de rien, câest un amĂ©ricain ! »), la vie de bohĂšme (concerts Ă Berlin, New YorkâŠ), les copains dâabord (collaborations avec Kimya Dawson, AndrĂ© Herman DĂŒneâŠ) mais bon ils nâont pas encore sorti de premier vrai album (J-3). Ont-ils aussi les chansons ?
Ce disque je lâai reçu quelques jours plus tĂŽt. Il sâappelle New Grids, nouveaux territoires en V.F. 41 min et 14 tracks plus tard ses auteurs Ă©taient toujours too cool for school Ă mĂ©riter des claques, mais je les adorais. Je nâĂ©tais plus ce Gargamel de rock-critic, mais un des leurs. A son tour ma chronique leur cirait les grolles, cĂ©lĂ©brant « des gosses qui font les poches Ă Leonard Cohen, Lou Reed, Nick Cave et Johnny Cash » avec « un plaisir de jouer, de raconter et de se raconter des histoires rarement vu chez nous ». « TantĂŽt ça tripe en bande, clap hands et cordes au vent. TantĂŽt accuse le coup, loner, cassé ». Entre « blues six feet under et fugues facĂ©tieuses », « Bad Seeds et graines de stars », Coming Soon câest « lâArizona dream chez toi. »
La formule fait sourire : du pur style Inrocks dont on fait les citations attrape-chalands. Il nâempĂȘche : quand on les Ă©coute on a du mal Ă croire quâils sont savoyards. Comme beaucoup, biberonnĂ©s de rock culture, ils chantent en anglais mais ils ont des voix si graves, charismatiques (notamment Howard, sĂ©vĂšrement burinĂ©e), chez eux ça semble tellement innĂ©, que voilĂ , on y est. On est loin, Ă lâouest. Rien que ça câest dĂ©jĂ Ă©norme pour cette musique oĂč il sâagit de storyteller. Mais comme ils ont aussi cette Ă©paisseur sirupeuse dans le son, ce roulement des mĂ©caniques et ce poids du soleil qui cogne et de la lassitude qui gagne, ils peuvent tout se permettre, frĂŽler des dĂ©tournements Flight of the Conchordesques, ils restent droit dans leurs bottes (made for walking).
Depuis, armĂ©s de cette croon folk crĂ©dĂ©bilitĂ© qui fera toujours cruellement dĂ©faut Ă Dionysos (surtout vu leur premier degrĂ©) les gars ont fait du chemin. En 2009 ils ont sorti deux vinyles (Love In The Afternoon et Sweetheart / WU), un deuxiĂšme album (Ghost Train Tragedy) et ils ont mĂȘme franchi le mainstream – dans la soute Ă bagages) – en ouvrant pour Mathias Malzieu & co, en glissant deux cartouches sur le Miss MĂ©tĂ©ores d’Olivia Ruiz, une sur La RĂ©publique des MĂ©tĂ©ores dâIndochine et un duo avec Ătienne Daho sur son live Ă la salle Pleyel. Ice on the cake, le doyen du crew a mĂȘme sorti son premier album solo, O Make Me a Mask. Cow (toy) boy les Coming Soon ?
A un moment jâai crains quâils virent toc, burlesques, dĂ©guisements. Plus rock, gros bras, sĂ©rieux, Calexico, leur deuxiĂšme album Ă©tait aussi plus long. Moins frais. Trop long (58 min). Ce nâest pas le cas de B-sides & Rarities, 3 EP digitaux sortis en mars, avril, juin ; ni mĂȘme de Werewolf Creek de Ben Lupus, deuxiĂšme membre du groupe Ă avoir fait son album solo, en mai. Du blues au hip hop, du rock au folk, jây retrouve tout le ludisme et lâaudace dĂ©contracte que jâavais tant aimĂ©s dans New Grids. Ce cĂŽtĂ© branque rimbaldien. Ecole buissonniĂšre, herbe verte, « On bandera quand on voudra ». Ils ont toujours ces chansons qui Ă©crasent la concurrence, celle, dans un genre proche, des Bewitched Hands. Et peut-ĂȘtre mĂȘme de Mustang.
Aujourdâhui Myspace a pris du plomb dans lâaile (remplacĂ© par Facebook, etc., je mâinterroge toujours sur lâimpact purement narcissique de tout ça (sans tous ces mĂ©dias et ces outils 2.0, combien de groupes en moins ?), jâai arrĂȘtĂ© de dĂ©nicher des groupes (plus lâenvie, jâessaie plutĂŽt de sortir de la critique, dâinventer mon propre territoire dâĂ©criture sur la musique, de me dĂ©nicher moi-mĂȘme, la belle affaire !) mais eux sont toujours lĂ . DâaprĂšs leur dernier communiquĂ© de presse ils travaillent actuellement sur un projet « rock-thĂ©Ăątre sous la direction du metteur en scĂšne Bruno Geslin ». Un texte dâUnica ZĂŒrn intitulĂ© Sombre Printemps quâils ont mis en musique en sâinspirant du Calamity Jane de ChloĂ© Mons, du Raven de Lou Reed et de lâAlice de Tom Waits. Ăa sâappellera Dark Spring. En attendant ils sont ce 28 mai Ă la FlĂšche dâOr. A cette occasion je suis kind, je rĂ©sume et je rewind. (L’ITW.)
Site de Kitchen Music
http://www.soul-kitchen.fr/20083-news-bruno-geslin-claude-degliame-coming-soon-dark-spring
http://youtu.be/S0gmZK8i35M
http://youtu.be/qc7R68WyeuA
http://youtu.be/nlO43zBu8Rc
http://youtu.be/fhYFUDV_kxo